Maurice Renoma, créateur de mode
Enfant caché pendant l’Occupation, Maurice Cressy, dit Maurice Renoma, aurait pu voir sa vie s’arrêter avant même d’avoir commencé. Au sortir de la guerre, son père Simon l’encourage à se lancer avec son frère dans le commerce et la mode. En quelques années, la boutique « White House », rue de la Pompe, devient celle des stars et des hommes politiques.Les deux hommes conquièrent le monde en bousculant les standards vestimentaires de l’époque. Ils inventent les années soixante. La Maison Renoma conçoit la mode comme une forme d’art avec ses silhouettes sculpturales : costumes cintrés, pantalons patte d’eph, blazers ultra-croisés inspirés par la marine américaine.C’est le temps des copains qui se retrouvent au Drugstore Publicis. Keith Richards, Jim Morrison, Andy Warhol, Dali, Picasso, Bob Dylan font de Paris leur capitale et de Renoma leur quartier général.La boutique est à mi-chemin entre la galerie d’art et le lieu de vie où les artistes refont le monde : Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Jean Seberg, Catherine Deneuve et Serge Gainsbourg.Aujourd’hui, Maurice Renoma a toujours l’âme d’un conquérant. À plus de 80 ans, il continue de travailler et de relever de nouveaux défis. Rencontre exclusive avec notre journaliste, Ilan Levy.Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?Maurice Renoma : Je suis né à Paris, en 1940. Mes parents avaient quitté la Pologne pour fuir les pogroms antisé-mites. Ils rêvaient de la France mais ils m’en parlaient peu. Quand je vois le film Un violon sur le toit, je retrouve leur vie. Mon père et ma mère étaient issus de familles nombreuses, toutes mortes pendant la Shoah. Mon père, un homme malin et élégant, avait compris qu’il ne fallait pas se faire recenser comme juif. La Résistance et des policiers nous avaient prévenus de la rafle du Vel' d’Hiv. Nous avons fui Paris avec de faux papiers d’un assassin mais à cette époque, on traquait les juifs, pas les malfrats. J’ai passé la guerre déguisé en fille, dans une ferme où on tuait le cochon. J’ai appris l ...
