Marc Touati, Economiste : « La dépense publique c’est comme le cholestérol »

Actualité Juive : Vous ouvrez votre livre avec un court essai de politique-fiction qui voit Marine Le Pen, élue à la présidentielle de 2017, prendre une série de mesures qui finiraient par conduire la France au bord de la guerre. Quelle est la probabilité d’un tel scénario qui semble, a priori, un peu excessif ?Marc Touati : Je pense qu’il y a aujourd’hui 50% de chances que Marine Le Pen soit élue en 2017 ou en 2022. Le problème en France c’est qu’on se voile la face et qu’on ne réagit qu’une fois le mal fait. D’un point de vue économique, on attend d’être devant la catastrophe pour faire quelque chose. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé en Grèce. C’est un problème de culture économique. En Allemagne, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Chine, on essaie d’anticiper les mouvements. La thérapie de choc que je propose dans mon livre sera indispensable, mais il y a deux façons de la mener : soit de façon douce, comme je l’explique dans le livre, avec de la confiture pour faire passer la pilule, c’est-à-dire avec des baisses d’impôts et du coût du travail, l’augmentation des salaires nets. Soit de manière radicale. La seule mesure « dure » que je mets sur la table, c’est la baisse des dépenses publiques. Aujourd’hui, celles-ci représentent 57,1% du PIB, l’un des niveaux les plus élevés au monde. Si on avait 4% de croissance, on pourrait dire « Au diable l’avarice ! ». Mais notre croissance est de 0,3% depuis 2008 ! On ne peut pas financer chaque année 57% de secteur public avec 43% de secteur privé. Je suis pour la dépense publique mais une dépense efficace. L’austérité pour l’austérité n’a pas de sens. Il faut accompagner l’austérité par des mesures de soutien à l’économie. Le cas de la Grèce est à cet égard l’exemple-type de ce qu’il ne faut pas faire.  Mais la dépense publique c’est comme le cholestérol : il y a la bonne et la mauvaise. La bonne c’est quand, pour 100 euros de dépenses publiques, on a 300 euros d’investissements privés. Mais au ...

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