Manitou, le Juif devenu Hébreu
L'année 2022 aura marqué le centenaire de la naissance de Manitou. Et c'est en Israël que la pensée originale du Rav Léon Yehouda Askénazi connaît un regain d'engouement, celui d'une nouvelle génération qui la richesse de son enseignement. Léon Askénazi s'est éteint à Jérusalem il y a bientôt 26 ans. Pourquoi commencer par la fin ?Parce qu'elle a été le point de départ d'une nouvelle gestation. À l'époque, Manitou n'était encore connu en Israël que par ses anciens élèves, des juifs venus de France qui avaient suivi son enseignement à Mayanot, puis au Centre Yaïr. Ils y retrouvaient une forme de continuité entre le judaïsme français et l'amour de Sion qui les avaient conduits sur la voie de l'Alyah. Manitou avait largement contribué à reconstruire l'éducation juive dans la France de l'après-guerre et à former les nouveaux cadres qui allaient être les forces vives d'une communauté renaissant des cendres de la Shoah. Léon Askénazi le penseur et l'éducateur, porteur des lumières du judaïsme d'Algérie et qui avait su y intégrer la pensée de Jacob Gordin et de Robert Gamzon, allait insuffler une nouvelle énergie, une limpidité et une intelligence au judaïsme français.Mais Manitou avait aussi découvert Israël dès les années 50, où il conduisait régulièrement ses élèves et où il allait se nourrir à l'enseignement du Rav Kook. C'est cette confluence, associée à son propre parcours universitaire profane, construit sur la littérature et la philosophie, qui allait forger une pensée originale, laquelle a progressivement trouvé sa place dans le sionisme religieux. Pourtant, l'enseignement de Léon Askénazi a longtemps été cantonné au milieu israélien francophone qui s'est attaché à lui dès son Alyah, après 1967. Même si des personnalités, comme le rav Shlomo Aviner, commençaient à le faire connaître en hébreu auprès des étudiants israéliens, Manitou restait surtout connu de quelques initiés car il tenait à l'enseignement oral et ses leçons étaient principalement dispensées en français. Mais déjà, le sillon se creusait ...
