L’inquiétante figure du terroriste suicidaire
Se tuer en tuant les autres. Se donner la mort tout en donnant la mort à nos prochains, connus ou inconnus, hommes ou femmes, vieillards ou enfants, civils ou militaires, nationaux ou étrangers. S’autodétruire, en toute connaissance de cause, sans regret ni hésitation, dans un projet fou et terrifiant de destructivité d’autrui. Mettre fin à ses jours tout en mettant fin aux jours de tous ceux qui ont eu le malheur et le tort de se trouver sur la route de l’assassin. L’anéantissement de soi, associé à l’anéantissement des autres, étrange et troublant alliage d’homicide et de suicide, accompagne l’histoire humaine depuis ses origines et suscite dans toutes les cultures du globe, des réflexions inquiètes sur la nature psychique de cet acte extrême, paroxystique, déroutant.La clinique psychanalytique est interpellée par ces épisodes tragiques de terrorisme suicidaire et meurtrier. Comment décrypter cette forme ultime d’agressivité sans frontières ? Quels émois se cachent dans les tréfonds de l’âme du sujet qui choisit de tuer et de se tuer ? La psychologie dynamique, dans le sillage de Freud et de ses disciples, voit le suicide comme un retournement de la pulsion de mort sur le Moi, comme un repli des tendances agressives, destructives et mortifères qui abandonnent ...