Levinas et Marion, fécondations croisées
Pour tous ceux qui pourraient être intimidés par l’exercice de la philosophie – pire, de la théologie -, il faut recommander de lire par ces temps de confinement intermittent le dernier essai de Jean-Luc Marion. Livre exigeant, dense, profond où le philosophe est au mieux de sa forme et se promène dans l’histoire de la philosophie pour explorer toutes les facettes de la révélation. De quoi est faite la révélation, avec un petit « r » comme avec un grand « r », dans la tradition juive comme dans la tradition chrétienne ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment apparaît-elle ? Et de quel mélange subtil de visible et d’invisible est-elle composée ? Le langage théologique, chez Marion, n’est pas tissé dans du mystico-gazeux. Il contient au contraire des sédiments de la vie quotidienne. Ainsi, le geste du skieur le révèle à lui-même, le geste d’amour révèle l’amant à sa propre conscience, l’événement qui advient (Péguy), surgit toujours là où on ne l’attend pas et se découpe dans un horizon qui n’est pas entièrement de l’ordre du visible. Car la révélation vient toujours d’ailleurs, c’est même à cela qu’on la reconnaît. « On ne peut atteindr ...