Les Juifs de France échapperont à la ghettoïsation? Par Shmuel Trigano

Les dispositifs de sécurité militaire et non plus seulement policière autour de tous les lieux juifs, s'ils sont les bienvenus, matérialisent de façon très concrète un état de faits qui jusqu'à présent relevait d'une ambiance à laquelle il semble que tout le monde se soit "habitué" et que l'on peut définir comme l'isolement objectif (et pas seulement idéologique et psychique) des Juifs dans la société française.  C'est tout le spectre de la vie juive qui se retrouve ainsi "enfermé" et tenu à distance de la vie normale. Les conséquences - et déjà le constat - de cet état de faits  sont gravissimes. Le dispositif sécuritaire isole la socialité juive du reste de la société civile et provoquera inéluctablement la désaffection des Juifs tenus à distance de leurs lieux et activités (écoles, culte, approvisionnement), du fait de la dangerosité et de l'anormalité qui vont leur être désormais attachées. L'étiolement et la raréfaction qui en résultera est probable.C'est une ghettoïsation de fait qui est en train de se produire d'autant que la menace est censée être diffuse à l'échelle de toute la société et plus seulement d'éléments étrangers aisément repérables. La communauté juive est devenue un fortin assiégé. Toute projection dans le futur ne peut qu'inquiéter. Comment celà va t-il se passer  quand la protection militaire va cesser? Et pourra-t-elle cesser avec plus de 1000  djihadistes uniquement français répertoriés, sans compter les Belges, les Allemands, la radicalisation des mêmes terroristes une fois en prison, le fait que les 3 derniers assassins auraient dû être en prison au moment de leurs méfaits et qu'ils avaient été libérés de façon anticipée, etc?  Les conditions de leur haine religieuse, elles non plus, ne sont pas près de cesser, à la fois du côté du pseudo "Etat islamique" comme de l'Autorité palestinienne et du Hamas qui déversent une incitation à la haine permanente, à laquelle les musulmans du monde entier sont sensibles: le mythe de l'enfant palestinien tué par les Juifs fut invoqué par tous les terroristes qui se sont attaqués aux Juifs en France et en Belgique. Mais il n'y a pas que celà. Inquiétant est aussi le discours de l'Etat qui a opté, comme il le fait depuis l'affaire Merah, pour une explication et une solution uniquement sécuritaires, alors qu'il fait face à un problème national et politique qui obligerait à des actes politiques de grande envergure concernant la réforme de l'islam en vue de son intégration dans le pacte national, cadre du pacte laïque (1). Le "politiquement correct" qui règne toujours dans le discours de l'Etat - si l'on excepte quelques "incartades" de Manuel Valls - doit de ce point de vue susciter la plus grande inquiétude du point de vue des Juifs de France  car c'est l'assurance que leur problème ne sera jamais affronté, sous des tombereaux de compassion bien sûr. Ce sont eux qui paient cette défaillance des élites politiques.Autre élément troublant, sur lequel la ministre de l'éducation a braqué les feux: "l'éducation aux médias". S'est-elle rendu compte à quel point les médias français, et en premier les médias étatiques, en adoptant une position non professionnelle mais partisane sur le conflit israélo-arabe, ont été les plus grands incitateurs à l'hostilité de l'opinion musulmane envers Israël et les Juifs en France? La question d'Israël est dans cette opinion-ci inséparable de la condition juive en France. Or rien n'a changé sur ce plan là. J'ai entendu, bien après la manifestation pour Charlie, sur la chaîne LCP, un "expert" nous dire que pour une grande partie de l'humanité le Hamas n'était pas considéré comme un mouvement terroriste sans que celà ne suscite de réserves.  Et les remarques sur la présence de Natanyahou dans la manifestation qu'ont faites tous les médias montrent bien que la position compatissante envers les Juifs agressés se doublent toujours, comme depuis 2002 (quand la venue de Sarkozy à l'Intérieur coïncida avec la reconnaissance de la réalité de l'antisémitisme), de l'accusation d'Israël, ce qui justifie indirectement le fait que cette agressivité retombe sur les Juifs de France. C'est ce que tous les terroristes "français" ont confirmé en déclarant, quand ils ont tué des Juifs, qu'ils vengeaient "les enfants" de Gaza[1]. C'est ce que disent aussi les "jeunes" quand ils refusent la minute de silence pour les attentats contre Charlie Hebdo! Demain si une guerre éclatait au Moyen Orient - bien sûr de la faute d'Israël - la violence se déchainera à nouveau contre les Juifs. J'ose espérer qu'alors le ministre de l'intérieur ne prenne pas part à ces manifestations comme il a a eu l'imprudence de la dire à Médiapart en confessant, il y a quelques mois, que s'il n'avait pas été ministre il aurait pris part aux manifestations pour Gaza (où les militants du Hamas étaient par ailleurs  fort nombreux)... Le problème, c'est que l'attitude envers Israël est liée, dans la conscience et l'opinion des milieux musulmans, à l'attitude envers les Juifs en général: il n'y a aucun distinguo de ce genre (juif/Israélien) dans leur culture. Or, cette opinion est soumise à l'influence des télévisions satellitaires et à la légitimation et la confirmation découlant de l'information erronée et partisane des  médias français, mais aussi de la politique française (dernier exemple: le vote de la reconnaissance d'un Etat de Palestine sous applaudissements du Parlement). Or le narratif de la cause palestinienne n'est pas fondé sur un jugement exact et des critères égaux. La chose a été amplement démontrée durant ces 15 ans. La ghettoïsation territoriale des JuifsManuel Valls a employé un terme démagogique pour définir la situation des "banlieues" en la définissant par le concept d'"apartheid". Si le temps était à l'ironie on dirait qu'Israël est désormais moins seul à être un "Etat d'apartheid"! Remarquons que le premier ministre parle d'un apartheid qui a été "imposé" à la France. Mais par qui? C'est très ambivalent. Personn ...

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