Les intellectuels juifs à l’ombre de la Shoah
La Shoah a été un référent historique majeur pour les intellectuels juifs de langue française dans l’après-guerre. D’Auschwitz, meurtrissure de l’histoire, se développa véritablement cette figure illustrée dans l’École de pensée juive de Paris au sein de deux expériences prégnantes — le Colloque des intellectuels juifs de langue française et l’École Gilbert Bloch d’Orsay —, pourtant apparues au moment de l’affaire Dreyfus. Paradoxalement, cette expérience ne fut pensable et audible qu’en raison du bouleversement occasionné par la tentative de destruction des juifs d’Europe et d’Afrique du Nord.Il n’a pas existé de conscience juive contemporaine sans la Shoah et c’est ainsi que la tentative d’extermination du peuple juif a toujours apparu en filigrane des réflexions des penseurs de l’École de Paris. Et pourtant, elle n’a jamais constitué le thème générique d’une rencontre au Colloque des intellectuels juifs de langue française. A contrario de la question d’Israël. La pensée d’André Neher qui s’échafaude ...