Le tapis rouge de Paris pour Rohani
« Si on ne faisait du commerce qu’avec les grandes démocraties, on n’aurait pas de boulot. Allez, circulez ! ». Captée par la caméra du « Petit journal » de Canal plus, la réaction du président du Medef International, Jean Burelle, résume assez bien l’état d’esprit qui prévaut actuellement dans les milieux économiques français au sujet de l’Iran. L’eldorado iranien, voilà un horizon prometteur en ces temps de croissance molle, dans une sorte de remake des fameux « grands contrats » signés par le Shah au temps de Valéry Giscard d’Estaing, au milieu des années 1970. La visite en France du chef d’Etat iranien Hassan Rohani, les 27 et 28 janvier, marque à cette aune une date importante dans le réchauffement des relations entre les deux Etats, après une décennie marquée par des tensions vives autour du programme nucléaire de Téhéran. Ouvre-t-elle un « nouveau chapitre », comme l’a formulé François Hollande, jeudi 28, lors d’une conférence de presse à l’Elysée, réduite à la portion congrue, avec seulement deux questions autorisées ? « Une relation nouvelle » comme l’a promis M. Rohani ? Sur le plan politique, il serait imprudent de l’avancer tant des divergences sérieuses demeurent entre Paris et Téhéran, sur le dossier syrien, sur le Liban, ou sur la relation aux pays du Golfe ou à Israël. Si embellie il y a, c’est dans le domaine économique que celle-ci se manifeste et de manière incontestable. Quinze milliards d’euros : l’estimation du montant « potentiel » des contrats signés à Paris par la délégation iranienne donne le tournis et traduit la volonté de la République islamique de faire du commerce bilatéral un vecteur de développement de son économie, en panne chronique d’investissements, et un moyen de pression sur les chancelleries occidentales. Tous les secteurs sont concernés par cette large réouverture du marché iranien, fort de près de quatre-vingts million ...
