« Le duel entre Erdogan et Atatürk est en fait un duo »

Le président des éditions du Cerf, le théologien Jean-François Colosimo, publie un petit essai de combat sur la dérive antidémocratique et illibérale de la Turquie d’Erdogan. Avertissements d’un spectateur engagé. Actualité juive : Jean-François Colosimo, vous signez Le sabre et le turban (Le Cerf), un petit essai vivifiant sur la « démocrature » qu’est devenue la Turquie. Vous y soulignez que contrairement à une idée reçue, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’inscrit dans une filiation plus assumée qu’il y paraît avec le père de la Turquie laïque, le laïc Mustapha Kemal Atatürk. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer l’existence d’une telle continuité ? Jean-François Colosimo : Nous sommes prisonniers d’une certaine ambivalence. Nous aimerions qu’il y ait une « bonne » Turquie, parée de toutes les vertus, à laquelle s’opposerait une « mauvaise » Turquie, celle des islamistes. En fait, c’est une vision erronée, qui fait l’impasse sur le fait qu’il y a une seule Turquie, qui est née en 1923, sur les décombres de l’Empire ottoman. Une seule Turquie, oui, mais plusieurs orientations politiques irréconciliables, non ? J.-F.C. : Ce pays a eu deux constantes : d’abord, une négation obstinée du « trou noir » qui l’a précédé, dont la Turquie dans son ensemble n’est pas responsable, le génocide des Arméniens commis par les Jeunes-Turcs, en 1915, et une obsession lancinante de ce qui a sapé l’Empire la sécession des minorités, du «multiculturalisme» si vous voulez. Il est tentant de vouloir opposer Atatürk, jacobin et positiviste, à Erdogan, croyant et attaché à l’umma, dont la femme porte le voile. En réalité ...

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