Le coup de billard à trois bandes du Hamas
Au fond du trou il y a encore quelques semaines, le Hamas respire désormais un peu mieux, en dépit des nuages de fumée enveloppant le ciel de Gaza sous l’effet des pneus calcinés, jetés contre les forces armées israéliennes pour opérer plus facilement des attaques. La tactique a fait long feu si l’on ose dire mais cet échec opérationnel n’empêche pas le mouvement islamiste palestinien de se sentir revigoré par les premières salves de ces « marches du retour », une séquence dont le pic est attendu pour le 15 mai, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la « Nakba », pendant palestinien du Yom Haatsmaout. Cette année, la date prendra des atours d’autant plus symboliques que doit y être inaugurée l’ambassade américaine à Jérusalem. Une victoire emblématique du gouvernement de Binyamin Netanyahou et le signe d’un tropisme clairement pro-israélien de l’administration Trump. En s’emparant d’une manifestation à l’origine populaire, le Hamas a tenté en fait un coup de billard à trois bandes. 1) En direction de l’opinion publique palestinienneFace à la grogne persistante de la société gazaouie devant la détérioration de sa condition économique, cette « marche du retour » se présentait comme un exécutoire bienvenu, plaçant l’Etat hébreu dans la position du responsable intégral de la situation. L’opportunité était séduisante pour se relancer et le Hamas n’a pas lésiné sur les moyens pour remporter cette bataille de l’opinion : bus affrétés sur l’ensemble de la bande de Gaza et tentes financées, activités accrues sur les réseaux sociaux sur lesquels des images et des vidéos ont été postées en live grâce à la couverture wifi assurée en amont par le mouvement, choix enfin d’une revendication largement populaire et presque consubstantielle à ...
