Le cinéma apporte de la lumière et de l’espoir dans les moments obscurs »

S'il est un lieu où ils sont à leur place, c’est dans une salle de cinéma, que celle-ci soit à Paris, à Berlin, à New York ou à Tel Aviv. Olivier Nakache et Éric Toledano seront les parrains du 24ème Festival du cinéma israélien de Paris, du 18 au 26 mars, et ils ont accepté de se confier sur les mois qui viennent de s’écouler.Des mois terribles marqués par le « choc collectif » du 7 octobre qui s’est doublé pour eux d’un « choc personnel » : l’un et l’autre ont chacun perdu un membre de leur famille dans les attaques sanglantes perpétrées par le Hamas. Alors qu’ils étaient en pleine promotion de leur nouveau film, Une année difficile, sur les thèmes de l’éco-anxiété et de la surconsommation, le 7 octobre a rebattu les cartes, mais ils ont continué à porter leur film en lui donnant une nouvelle nature. Une année difficile, purecomédie à l’italienne, est devenue un moment de répit dans un moment d’effroi et c’est à Tel Aviv, où ils se sont rendus mi-décembre, que cette ambition a pris tout son sens. Les réalisateurs d’Intouchables, Hors normes, Le Sens de la fête, Samba, Nos jours heureux, se confient sur la société française post-7octobre et sur l’injonction de la parole publique. Bien sûr aussi, sur la recrudescence de l’antisémitisme. Ils redisent leur passion du cinéma et la force que celui-ci exerce sur le cours de nos vies. « Le cinéma apporte de la lumière et de l’espoir dans les moments obscurs ». Rencontre.Yaël Scemama Nous vous avions interviewés, en septembre 2023, à l’occasion de la sortie de votre film Une année difficile le 18 octobre, mais cet entretien n’avait pas été publié en raison du 7 octobre. Nous voilàde nouveau réunis, quatre mois plus tard. Votre film vient de sortir en Israël mais avant d’en parler, racontez-nous comment vous avez vécu cette période.Éric Toledano : Le 7 octobre était déjà un choc collectif, mais il s’est doublé pour nous d’un chocpersonnel. Olivier et moi avons appris le lendemain du 7 octobre que des membres de nos famillesrespectives étaient portés disparus. Hilly Solomon, la cousine germaine de l’épouse d’Olivier, qui était àNova, et mon cousin germain, Ami Alon Toledano, qui vivait à Sdérot. Nous avons vécu dans l’incertitude pendant des jours jusqu’à ce que nous apprenions tous les deux, le même jour, le 10 octobre, qu’ils étaient décédés. À cette période, nous étions en pleine promotion du film. Nous arrivions au bout de nos avant premières ; nous en avions enchaîné près de 170 à travers la France. La dernière ligne droite consistait à faire des interviews dans les médias. Mais tout le monde, et c’est normal, ne parlait que du 7 octobre. Nous vivions en plein paradoxe de devoir faire la promotion d’une comédie dans un moment aussi tragique. La greffe ne prenait pas. Et nous n’y étions pas. À quoi pensez-vous à ce moment-là ?Olivier Nakache : Nous avions défendu le fi lm et vécu des moments incroyables avec le public, mais nous n’avions plus le cœur. Nous étions le 8 octobre, le fi lm sortait le 18, il restait dix jours. C’était impensable pour nous de faire comme si de rien n’était ou de nous rendre dans des émissions de divertissement.E.T. : Le film avait changé de nature. C'est-à-dire que d’un film qui était censé, à l'italienne, faire réfléchir et rire autour de deux sujets ultra- actuels et complexes : le surendettement et la crise climatique, il est devenu un film qui proposait un moment de répit au milieu d’un moment d’effroi. Nous avons accepté et embrassé cette nouvelle nature du film - en tout cas pour ceux qui avaient encore envie d’aller au cinéma. On a compris qu’à certains endroits et à certains moments, il fallait faire preuve d’humilité avec l'objet qu’on avait produit et dire : « si dans le flot d’informations qui vous submerge, vous avez besoin d'une bulle de respiration de deux heures, nous allons tenter de vous les offrir ». Nous avons donc continué à porter le fi lm en lui donnant cette nouvelle nature. Nous sommes allés à Budapest, Berlin, Londres, Amsterdam, Prague et puis Tel Aviv. L’une des fonctions du cinéma est aussi d'apporter de la lumière dans des moments un peu obscurs, au sens propre comme au fi guré. Et surtout, on ne voulait pas baisserles bras pour ne pas donner raison à ceux qui veulent étouffer la vie et la culture.Votre film est sorti en Israël le 25 janvier. Comment avez-vous organisé cette sortie ? O.N. : Plusieurs avant-premières étaient prévues, mais elles ont naturellement été bousculées. Avec Lev, notre distributeur, nous avons quand même voulu organiser une projection à Tel Aviv en décembre. Et nous y sommes allés.E.T. : Il a fallu veiller à un certain nombre de choses, notamment s’assurer que des abris étaient à la hauteur de la salle. Il y avait, pendant cette avant-premièr ...

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