Le blues d’Israël

La crise sanitaire qui n'en finit pas renvoie aux Israéliens l'image de leur société fragmentée.Les inégalités se creusent et interpellent sur l'avenir qu'ils veulent pour leur pays. Par Pascale Zonszain Les boutiques qui ont eu le droit de rouvrir leurs portes le 8 novembre ne suffisent pas à ramener des couleurs aux rues d'Israël. La fine poussière grise qui s'est accumulée a rendu presque opaques les vitrines des boutiques, fermées depuis le mois de septembre. Dans les cafés et les restaurants, les empilements de chaises et de tables évoquent des débarras de chiffonniers. Plus personne ne vient nettoyer leurs terrasses où les premières pluies d'automne ont laissé des flaques sombres et des paquets de feuilles mortes. Et ce sont pourtant des signes d'espoir des commerces qui croient encore à la reprise de leur activité. Les autres ont baissé le rideau et apposé des pancartes « à vendre » ou « à louer ». les manifestations de ces derniers mois sont un révélateur de plus de ces fractures Les rues commerçantes des villes israéliennes ont des airs de zone sinistrée. Quant aux parcs commerciaux des périphéries, ils font penser à des fêtes foraines abandonnées.En l'espace de quelques mois, c'est tout le paysage urbain d'Israël qui a changé et qui rappelle, s'il en était besoin, que la crise est là pour durer. Début novembre, le taux de chômage était de 24 %, alors qu'avant l'éruption de l'épidémie, il plafonnait à 3,9 % ; quasiment du plein emploi. Et tous les Israéliens ne sont pas égaux face au ralentissement de l'économie. Les salariés mis en congé sans solde peuvent encore compter sur une couverture partielle, tandis que les indépendants et les TPE se sont retrouvés livrésà eux-mêmes et les allocations ponctuelles qu'ils ont reçues sont très loin de couvrir leurs pertes. Pour ces quelque 500 000 personnes, c'est une précarisation soudaine et qui menace de s'enliser.D'ailleurs, tout le pays fonctionne à découvert. Les dépenses publiques ont grimpé de 20 % alors que les revenus ont chuté de 10 %. Le déficit de l'Etat a franchi la barre des 10 % et pourrait atteindre les 13 %d'ici la fin de l'année, selon les projections de la Banque d'Israël. Les fonds disponibles pour les subventions de solidarité ont été intégralement distribués et ceux pour les indépendants sont déjà entamés aux trois quarts. Tout cela, alors que l'État s'appuie encore sur le budget voté en 2017, puisque le gouvernement n'a toujours pas finalisé son projet de Loi de Finances pour les dernières semaines de 2020, ni pour 2021.Même les manife ...

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