Laurence Benaïm « La pire offense que je pouvais faire à ma mère était de me taire »

La grande journaliste de mode, Laurence Benaïm, auteur de la biographie de référence d’Yves Saint Laurent, signe avec La sidération un témoignage très personnel sur ses origines familiales à l’ombre de la Shoah. La sidération est une « longue lettre » écrite à votre mère. Pourquoi ce besoin d’écrire ?Laurence Benaïm : Je voulais donner du sens à ce que je vivais. Documenter sa maladie était une manière de lui survivre comme si en ces temps d’absence et de délabrement, l’observation redonnait de la tenue à la personne éplorée qu’on est en train de devenir. Je lisais tout, je gardais tout, tout me paraissait intéressant, jusqu’à ce qu’un jour, Manuel (Carcassonne Ndr), mon éditeur, m’a demandé pourquoi je n’écrivais pas quelque chose de personnel. C’est vrai que j’avais souvent écrit sur les autres. Ses mots ont été comme un déclic. Dans votre quête, vous cherchez à rassembler les pièces d’une histoire familiale marquée par la Shoah. Comment avez-vous conjuré l’absence et les silences ?L.B. : Je cherchais en permanence, comme quelqu’un d’affamé. Robert Bober, qui était un enfant caché, m’a dit une fois dans une émission : « Vous cherchez tout, vous documentez tout, même les arbres ! ». Absolument, car quand je suis allée sonner à la porte de la maison où ma mère était cachée, je n’ai trouvé personne. Je me cognais contre les silences des hommes alors j’ai essayé de faire parler ce qui m’entourait, la nature et les objets. Je me disais que la pire des offenses que je pouvais faire à ma mère et à ceux d’où je viens était de me taire. Je me sentais une obligation de transmission. J’ai donc fait confiance à mon intuition et c’est peut-être ainsi que l’on passe de ...

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