La Venise d’aujourd’hui et de demain
Bien sûr, les barcarolles entonnées par les gondoliers bercent toujours au rythme des vaguelettes les voyageurs embarqués. Et bien sûr, la même magie opère à chaque fois : ces touristes de masse succombent à la beauté de la ville dont les canaux sont les veines. Leurs âmes se gonflent comme des voiles, emportées qu’elles sont par leur imagination rêvant de mystérieuses soirées de carnavals.Mais quand le songe cesse enfin, la réalité crue apparaît : la ville de Venise est en sursis. Le péril vient à chaque instant. D’elle-même, d’abord. De la mer, ensuite. N’est-ce pas Philippe Sollers, pourtant grand amoureux de la Sérénissime, qui avouait qu’il n’y a « rien de plus faux, parodique et grimaçant que le carnaval moderne. C’est un truc d’écran pour couturiers et sponsors divers. Du bruit, de la laideur, de l’outrance, des masques empilés sur des masques, des contorsions pour la caméra » ? C’est que malgré le cortège de représentations baroques qui l’accompagnent, Venise a toujours eu autant à craindre de la peste que de la vanité. Ainsi, dès 1334, les « Provedditori alle Pompe » (inspecteurs de la pompe), conscients d ...