La stratégie israélienne décryptée

Comprendre les raisons d’un succès est aussi important que d’expliquer le pourquoi d’un échec : au-delà d’une mobilisation nationale exemplaire, il est temps de faire un « audit » de la campagne israélienne de vaccination contre le Covid-19. Les facteurs clés ? Une chaîne logistique quasi militaire, des dossiers médicaux numérisés et une diplomatie offensive. La chance sourit aux audacieux. Uri Dekel, ancien général de brigade de l’armée israélienne (IDF) et DG de l’INSS à l’université de Tel Aviv avait identifié, dès le début de la crise sanitaire, ce qui permettrait à l’État hébreu de remporter la bataille contre la pandémie de Covid-19. « Pour maintenir la confiance du public dans les institutions, Israël doit traiter la pandémie comme une crise de  sécurité  nationale  multidisciplinaire, et pas seulement comme un problème de santé publique, en combinant le meilleur de ses capacités sur le plan administratif, sécuritaire, scientifique et civil » avait-il déclaré. Et ce fut un succès. Israël a levé l’obligation du port du masque et a fermé les dernières unités hospitalières liées au coronavirus. « Israël a  été le pays avec le taux le plus élevé de  personnes  vaccinées  par  habitant au monde », a montré l’Institut Weizmann dans une étude publiée dans la revue Nature. Entraîné à déployer rapidement des solutions face aux urgences à grande échelle, ce petit pays a su utiliser toutes les cordes à son arc. Logistique en flux tendu « Israël a lancé sa campagne de vaccination le 20 décembre 2020, soit 9 jours seulement après que la FDA eut  délivré  une  autorisation  d'urgence pour l'utilisation du vaccin BioNTech/Pfizer », rappelle l’Institut Weizmann. Mais tout était prêt bien avant. Le succès israélien fut avant tout une affaire de logistique, définie comme prioritaire et stratégique, et une addition de décisions ultra-rapides s’appuyant sur des moyens à la hauteur de l’enjeu. Tous les vaccins du pays sont stockés dans l’immense entrepôt Teva, situé à quelques encablures de l’aéroport Ben Gourion où atterrissent les avions cargos transportant les vaccins. Le directeur de l’entrepôt Uri Gat-Palash et son co-équipier Adam Segal, alternant de brèves séances de repos, ont eu moins de deux mois pour organiser la réception et le stockage des vaccins et piloter les électriciens, les fournisseurs de congélateurs, les techniciens et les chauffagistes. Alignés sur des rangées à perte de vue, chacun des congélateurs contenait 100 000 à 150 000 doses, de quoi vacciner une ville entière. La livraison devant être effectuée dans les 24 heures après la commande, les boîtes de vaccin sont décongelées à l’unité au gré des demandes des 400 centres de vaccination ouverts de 8h00 à 22h00 (chabbat compris). Tout était fourni dans le kit : vaccin, seringues, désinfectants… Une chaîne logistique en flux tendu qui a exigé beaucoup d’improvisation, mais qui ne laissait rien au hasard. Diplomatie offensive La « houtzpa » de Benyamin Netanyahou qui a téléphoné à Albert Bourla, PDG ...

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