La Shoah comme histoire familiale

« Jadis, quand j’avais sept ou huit ans, il m’arrivait d’entrer dans une pièce et que certaines personnes se mettent à pleurer. » Par le seul incipit de son roman « Les disparus », l’écrivain Daniel Mendelsohn a mis en lumière la complexité du vécu des enfants et petits-enfants des survivants à la destruction des juifs d’Europe. C’est qu’avant d’être un objet de mémoire collective, la Shoah est pour eux un événement qui s’inscrit d’abord dans l’histoire familiale. Gabriel, 38 ans, a choisi de remplir une bibliothèque entière sur le sujet, allant du roman à l’essai historique, aux descriptions méthodiques de la solution finale. « Tout savoir, c’est ne pas oublier, conclut-il. » Sarah, la petite quarantaine, petite-fille d’un déporté dont la famille a été entièrement exterminée, témoigne, quant à elle, d’un poids qui l’empêche presque d’en parler. « Je m’interdis d’y penser, dit-elle péniblement. Si je me laisse aller à ça, il faudra que je parle. Que j’assume le fait d’être moi aussi une survivante… C’est bête, non ? » Alors que l’entretien semble achevé, elle poursuit, d’une voix métallique : « Je porte le prénom de la mère de mon grand-père. Je n’arrive pas à dire arrière-grand-mère. Il n’y a pas de photo d’elle. La seule chose que je sais d’elle, c’est qu’elle a été déportée le jour de Kippour vers Treblinka… Arrière-grand-mère, ça évoque des soupes et des gâteaux… Pas ça… » Sarah se dit « heureuse dans sa vie de famille. » Ses enfants « ont de beaux prénoms, bien dans leur peau… » La religion a une place essentielle dans son existence : « J’aime me dire que D’ieu prévoit que tout sera pour le bien. »  D’ ...

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