La seigneurie de Solal

Cette année voit les quarante ans de la disparition d’Albert Cohen. De nombreux hommages, si mérités, lui seront rendus. En voici un, en avant-première… Longtemps, j’ai été habitée par Solal, dans ma jeunesse, je crois. Ce prince de papier, cet archange noir impassible comme il est décrit dans le roman, personnage central de l’œuvre d’Albert Cohen, était devenu pour moi une douce obsession, et je me rêvais en Aude ou Adrienne, ces femmes si chrétiennes au cœur tendre dans leur blondeur solaire, que Solal idolâtrait jusqu’à l’écœurement et si dissemblables du judaïsme oriental de sa tribu. Dans ce premier roman qui lui est totalement consacré et publié en 1930, Albert Cohen suit les débuts dans la vie de cet enfant roi fils du grand rabbin de Céphalonie, parti à la conquête d’une femme. Oh, Solal des Solal, il n’existe pas dans la littérature de héros plus beau, mystique et magnifique : « Le long nez busqué interrogea le salon et les cils mauresques se baissèrent avec une pudeur irritée ». Il est sombre, il est cette force obscure qui appartient à la plus belle race du monde, dit-il. Phrases fortes et poétiques qu’il murmure : « Le vieux peuple de génie, couronné de malheur, de royale science et de désenchantement. Le vieux peuple fou qui marche seul (…) portant sa harpe sonnante à travers le noir ouragan des siècles et immortellement son délire de grandeur et de persécution ». Son royaume sera celui des ténèbres et lorsqu’il achète un château ...

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