« La révolution des œufs » qui secoue l’Iran
Assiste-t-on aux prodromes d’une nouvelle révolution iranienne ? Depuis le déclenchement des manifestations à Machhad, à l’est de l’Iran, le 28 décembre, la nature, les motivations et les conséquences possibles d’une contestation jusqu’ici sans figure de proue interrogent. Cette absence d’incarnation, à côté du caractère d’abord provincial de la lutte, distingue les événements en cours du « mouvement vert » de 2009, le dernier épisode d’opposition civile de cet ampleur en Iran. A l’époque, les Iraniens battaient le pavé en réaction aux élections truquées par le régime pour assurer la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad à la présidence de l’Etat. Huit ans plus tard, les deux leaders de l’opposition, Mehdi Karoubi et Mir Hossein Moussavi, demeurent assignés à résidence, une décision effective depuis 2011. Mais un vent de révolte souffle à nouveau sur la Perse et s’étend désormais à une large partie du territoire. Une quarantaine de villes serait désormais concernée par la dynamique sociale. Depuis le début des affrontements, 21 personnes auraient été tuées, dont 16 manifestants, selon un bilan estimatif donné mardi matin. Comme en 2009, la police - avant bientôt les milices bassidjis, réprime - les « fauteurs de troubles » que le régime accuse d’avoir détruit des centres religieux, des banques et des bâtiments publics. La messagerie instantanée Telegram, très utilisée par les manifestants, est ralentie depuis dimanche. Pourquoi se soulèvent-ils ? Les revendications concernent la fermeture d’établissements de crédits criblés de dettes, l’augmentation annoncée du prix de l’essence et des œufs – d’où le nom de « révolution des œufs » popularisé par les opposants – et la réduction de certaines aides sociales destinées aux retraités. Elu sur un programme de relance économique en 2013, un choix confirmé lors de la présidentielle de mai dernier, H ...
