La gauche, à la recherche d’un second souffle
Assumer l’exercice du pouvoir ou continuer à charrier l’espoir d’une révolution sociale. L’histoire de la gauche française au XXe siècle est traversée par ce dilemme dont Gérard Grunberg et Alain Bergounioux avaient relevé les dates charnières dans une étude parue en 2005 (L’Ambition et le Remords. Les socialistes français et le pouvoir. 1905-2005, Fayard). Il ne serait pas surprenant de voir l’éditeur ajouter à la prochaine édition du livre un chapitre consacré au mandat de François Hollande, sorte d’ombre planant au-dessus de la primaire de la gauche. Dans ce scrutin où sont attendus environ deux millions de votants les 22 et 29 janvier, Manuel Valls s’avance à pas mesurés. Sa position de favori des sondages n’épuise pas le doute autour d’une candidature clivante pour une gauche morcelée, inquiète pour son avenir, pis sa survie. « Je veux casser l’esprit de défaite. Et créer l’espoir », avançait l’ancien premier ministre dans une interview au Monde le 14 janvier. Pour Gérard Grunberg, auteur d’une récente note sur le site Telos, « l’enjeu » de cette primaire diffère en effet de celui observable lors de la primaire de la droite, en novembre. « A droite, elle a permis de désigner un candidat qui, selon les sondages, a des chances raisonnables d’être élu président de la République. Les électeurs qui sont allés voter avaient le sentiment de choisir en même temps le prochain président », analyse le directeur de recherche émérite au Centre d’études européennes de Sciences Po. « A gauche, personne ne pense que le candidat socialiste sera seulement qualifié pour le second tour de scrutin ; du coup, l’enjeu n’est le même ni pour les acteurs au sein du parti ni pour les électeurs potentiels de cette primaire. Dans le parti, il ne s’agit plus de gagner l ...
