« La France a joué le rôle de marchepied du Qatar sur la scène internationale »

Actualité Juive : Pourquoi avoir décidé de consacrer un livre aux relations entre la France et le Qatar ?Vanessa Ratignier : Lors de l’enquête à visée géopolitique que nous menions dans le cadre d’un documentaire pour France 5 (Qatar, 2 x 52 minutes réalisés par Christophe Bouquet et Clarisse Feletin, produits par Yami 2), nous avons entraperçu une singulière image de l’état de nos élites françaises. A examiner notre pays au prisme de l’émirat, à utiliser le Qatar comme un miroir, nous devinions une inquiétante réalité : celle d’une France sous influence. A.J. : Nicolas Sarkozy a-t-il contribué pendant son mandat à la montée en puissance du Qatar ?V.R. : Pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, la France a joué le rôle de marchepied du Qatar, à la satisfaction de Doha. Installer son pays à la table des Grands : telle était en effet l’ambition de l’ancien émir Hamad Al Thani. Le Qatar est un petit émirat, coincé entre les deux mastodontes régionaux que sont l’Arabie Saoudite et l’Iran. Sa sécurité est un enjeu crucial. Hamad voulait éviter que son pays ne subisse le même sort que le Koweït, envahi par Saddam Hussein en août 1990. De plus, Hamad a pris le pouvoir en 1995 en organisant un putsch contre son père ; il devait donc sécuriser son règne et ses frontières. Surtout, il rêvait de puissance. Les revenus tirés du gisement gazier du pays, qui représente la troisième réserve mondiale, lui ont donné les moyens de développer sa diplomatie du chéquier. Avec son cousin et diplomate en chef Hamad bin Jassem bin Jaber al-Thani, dit « HBJ », ils ont tissé un vaste réseau d’alliés à l’international dans lequel la France est en bonne place. Les liens avec Paris sont anciens, mais à compter de l’élection de Sarkozy à l’Elysée, la France a développé un réel tropisme pour l’émirat. Hamad a été le premier chef d’Etat arabe reçu par le nouveau président, le 30 mai 2007. Ensemble, ils ont signé la vente de 80 Airbus A 350 pour un montant de seize milliards de dollars. Dans la foulée, Hamad était l’invité d’honneur du 14 juillet. Et dix jours plus tard, Doha contribuait financièrement à la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien détenus en Libye. Co ...

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