La foi face au traumatisme
Face à la violence guerrière, face à la persécution politique, religieuse, raciste, xénophobe, face à l’injustice érigée en norme suprême de la société, face au déferlement des pulsions mortifères, agressives, destructives extrêmes, face aux passions intraitables de détestation, de rejet, de soupçon, de refus, quelles sont les armes psychiques, morales, intellectuelles, affectives qui permettent aux hommes de résister au mal, de survivre à la menace de mort, de se reconstruire après un passé traumatique, douloureux, cruel ? Dans cette constellation d’émois, quel est le rôle de la foi en général, de la foi religieuse en particulier ? La foi, permet-elle de survivre au malheur ou est-elle tragiquement inutile, stérile, faible dans un univers livré aux forces de la destructivité ? La foi, nous aide-t-elle à vivre, à revivre, à agir dans le monde ou nous paralyse-t-elle, nous laissant sans ressources face aux épreuves ? Mon professeur de Talmud au Jewish Theological Seminary or America, à New York, le rabbin Frankus, était un rescapé d’Auschwitz. Il avait survécu à l’horreur des « années brunes », à l’enfer concentrationnaire. Certains d’entre nous lui ont demandé comment avait-il vécu ce temps de tourmente. Avait-il gardé sa foi en l ...