Klaus Kinzler « L’islamophobie est un vulgaire outil de propagande »
Accusé d’être islamophobe par certains de ses étudiants, Klaus Kinzler a déclenché « l’affaire de l’IEP de Grenoble » en décembre 2020. Dans L’islamo-gauchisme ne m’a pas tué, un récit enlevé et intelligent, le professeur d’allemand prend position pour la liberté d’expression.« Racisme, islamophobie, antisémitisme ». Au départ, vous êtes gêné par ce titre d’un groupe de travail qui prépare la « Semaine de l’égalité » qu’organise tous les ans l’IEP de Grenoble. Pourquoi réagissez-vous ?Klaus Kinzler : Quand, en décembre 2020, j’ai vu l’association de ces trois concepts, je dois avouer que j’ai bondi car, spontanément, j’y ai vu une tentative de banaliser les crimes de la Shoah. Cette sensibilité sur ce sujet fait partie de mon identité, comme c’est le cas pour beau-coup d’Allemands de ma génération. Au lieu de discuter avec moi sur la pertinence de l’intitulé, mes collègues de l’IEP m’ont d’abord reproché de rejeter en bloc le concept d’islamophobie qui, pour eux, est « scientifique ». Mais associer ces trois concepts relève pour moi d’une charlatanerie intellectuelle scandaleuse. Car deux d’entre eux, le racisme et l’antisémitisme, sont depuis longtemps parfaitement établis et tout le monde sait ce qu’ils veulent dire. L’islamophobie, par contre, est une notion nouvelle et fortement controversée. Elle est exclusivement utilisée par deux groupes qui, a priori, ont peu en commun : les « universitaires-militants » de la nouvelle gauche décoloniale et les islamistes pour qui l’islamophobie n’est rien d’autre qu’un synonyme du blasphème. Ils l’utilisent dans le même but : étouffer dans l’œuf toute critique de l’islam en la criminalisant, au même titre que l’antisémitisme et le racisme qui, à juste titre et depuis fort longtemps, constituent de ...