Juifs et musulmans : la fin de la coexistence ?
Ce Shabbat, les jardins publics de Jérusalem étaient moins fréquentés que d'habitude et la météo hivernale n'était pas la seule explication. Ce sont les parents qui n'étaient pas enthousiastes à l'idée de laisser leurs enfants se retrouver entre eux, sur la promenade d'Armon Hanatsiv ou au nouveau circuit de skateboard. Alors pour beaucoup, il a fallu passer l'après-midi à la maison à regarder le plafond ou à sortir les jeux de société des tiroirs. Pendant ce temps, dans le salon ou autour de la table débarrassée des reliefs du déjeuner, les adultes improvisaient une cellule de crise.La semaine écoulée a été dure. En fait, cela fera bientôt six mois que la situation dans la capitale israélienne n'a pas cessé de se dégrader. Lentement, insensiblement, le sentiment d'insécurité s'est insinué dans les esprits, franchissant un palier supplémentaire à chaque nouvelle attaque terroriste, à chaque nouvelle émeute dans les quartiers arabes. Mais après le massacre perpétré dans une synagogue de Har Nof par deux Arabes de Jabel Muqaber, la ville a définitivement changé de phase. Il faut maintenant réfléchir sérieusement à la suite. Est-ce que c'est à nouveau l'Intifada ? Que dit le gouvernement ? Est-ce que l'armée va entrer dans les quartiers arabes ? Rapidement, ces questions sont écartées. « Ça c'est le problème de Bibi, pas le nôtre » tranche Meir, « nous on doit décider de ce qu'on va faire demain matin, avec les enfants et au boulot ». Kohava approuve. Dans l'atelier de réparations d'électro-ménager de la zone industrielle de Talpiot où elle est comptable, travaille un manutentionnaire arabe de Shuafat. « Lundi matin, il a déboulé dans le bureau du patron comme une furie raconte la jeune femme, il nous a dit : qu'est-ce que vous avez fait au chauffeur de bus ? On l'a regardé avec des yeux ronds, car on ne comprenait pas de quoi il parlait. C'est plus tard qu'on a appris qu'un conducteur arabe avait été retrouvé pendu et qu'il s'était suicidé. Mais notre employé lui, était convaincu qu'il avait été as ...
