Juifs de Sarcelles, entre attachement et inquiétude

«  J’ai vécu toute ma vie ici et je n’irai vivre ailleurs pour rien au monde. Ma maison, et ma vie sont ici », assure Fortune, la patronne de la boulangerie Nathania, à Sarcelles. En ce vendredi après-midi, cette quinquagénaire aux cheveux noués en queue de cheval sert des baguettes et des pâtisseries au miel à ses clients qui se pressent sur le pas de la porte. Ils font leurs dernières emplettes avant le début de chabbat dans un climat d’effervescence. Restaurants, boucheries et épiceries cachers, synagogues, mikvé, écoles juives, sans compter l’incontournable librairie Otsar qui vend aussi bien des livres de Torah, que des kippot et des verres de kiddouch : tous ces établissement se côtoient sur une poignée de rues. De quoi répondre aux besoins de la communauté la plus grande d’Europe en termes de concentration : près de 13 000 âmes, majoritairement sépharades, s’y sont établies sur un périmètre d’environ 1km2. Un petit village, en somme. «  Ici tout le monde se connaît, pour le meilleur comme pour le pire. Il y a des familles, des amis, nous avons nos habitudes et tout est facilité lorsqu’on est pratiquant », explique Hannah Cohen, chimiste de 27 ans, qui y vit depuis sa naissance. Les juifs s’y sont installés par vagues successives dans les années 60, après la décolonisation de l’Afrique du Nord. Aujourd’hui les plus jeunes générations ont tendance à partir ailleurs, notamment après leur mariage, mais un noyau dur, attaché à son territoire, continue de vivre à quelques minutes de la station du RER D, Garges-Sarcelles, où les loyers défient toute concurrence. Si les juifs vivent dans le rectangle composé des avenues du 8-Mai-1945 et Paul-Valéry, ainsi que des boulevards Albert-Camus et Édouard-Branly, ils côtoient d’autres communautés d’immigrés, notamment la communauté assyro-chaldéennes (chrétiens d'Orient), africaine… Cette mosaïque d’origines est telle, que la ville a acquis le surnom de « Petite Jérusalem ». Et comme la ville trois fois sainte, les différentes cultures cohabitent tantôt dans une relative bonne entente, tantôt dans un climat de tensions palpa ...

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