Jonathan Hayoun et Judith Cohen-Solal : « Le sort des juifs bouleversait Kessel »

BANDE DESSINÉE Écrivain, résistant, journaliste de guerre, Joseph Kessel reste un écrivain majeur du XXème siècle, dont il a été un acteur important.Son histoire, notamment familiale, demeure méconnue. Il n’a sans doute pas obtenu par hasard le premier visa d’entrée du jeune État juif… À partir d’archives et de témoignages inédits, Judith Cohen-Solal et Jonathan Hayoun (qui ont notamment réalisé le documentaire Histoire de l’antisémitisme et co-écrit de nombreux ouvrages) racontent le vrai Kessel dans une bande dessinée. Passionnant… et très réussi ! Pourquoi avoir choisi la bande dessinée afin d’évoquer la vie de l’écrivain Joseph Kessel ?Jonathan Hayoun : Nous sommes passionnés tous deux de Kessel. Nous avons découvert le témoignage de son filleul, Jean-Michel Baron, qui avait de nombreuses heures d’enregistrement. Il nous a dit :« Faites-en bon usage ». Comme un documentaire existait déjà et que Kessel avait cette capacité à circuler dans le monde entier, nous avons choisi d’en faire une BD avec des images qui nous font voyager, comme lui a su faire voyager ses lecteurs par ses romans et reportages.C’est aussi une forme d’hommage, car le premier livre de Kessel, quand il était enfant, était une BD - qui a malheureusement disparu…Sa vie mouvementée a-t-elle commencé quand il était enfant ?Judith Cohen-Solal : Oui, très tôt ! Il est né en 1898 dans la Pampa argentine, au sein d’un projet de colonie juive du baron de Hirsch, qui n’a pas bien fonctionné. Malgré les pogroms, sa mère, enceintede son frère, préfèra retourner en Russie en 1899.Kessel bébé est proche de la mort sur le bateau, un cercueil est même prévu. Il est sauvé in extremis et sa vie le mènera ensuite de Russie à Nice, puis Paris. À l’adolescence, il aura déjà eu une vie extraordinaire.Comment expliquer que la mort rôde tout au long de sa vie qui fut pourtant longue ?JH : La mort rôde autour de lui et il va s’y confronter très souvent dès son plus jeune âge, d’abord avec son capitaine pendant la Première Guerre mondiale qu’il veille jusque sa mort, puis avec le suicide de son frère avec qui il entretient une relation fusionnelle. Ils déjeunent ensemble et il met fin à ses jours juste après. Sa mort le bouleverse. Il passera sa vie à questionner le rapport de l’homme à la mort. Il l’apprivoise en la côtoyant de près, tout en restant assoiffé de vie. JCS : On croit que la mort le cherche quand il est enfant. Ses parents éta ...

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