Jean-Pierre Obin : « Les salafo-fréristes misent désormais sur l’éducation des enfants »

Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Education nationale, signe un vibrant plaidoyer pour la laïcité avec son livre Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école (Ed. Hermann). Il sonne l’alarme contre nos démissions. En 2004, vous remettez au ministre de l’Education nationale, François Fillon et au Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, un rapport qui alerte sur le développement, dans certains établissements scolaires, de l’antisémitisme, de contestations de contenus d’enseignement et d’atteintes à la laïcité. Comment vos mises en garde ont-elles été reçues à l’époque ? Jean-Pierre Obin : Il est assez probable qu’à l’époque, le Premier ministre n’ait pas pris connaissance de ce rapport. Il est resté dans un tiroir du ministère de l’Education nationale. François Fillon, lorsqu’il a reçu le rapport, nous a opposé trois raisons successives : tout d’abord, il a fait valoir qu’il allait mettre en place, à la rentrée scolaire suivante, la loi de mars 2004 réglementant le port des signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires, et la crainte d’une rentrée très agitée était exprimée ; ensuite, les deux otages français enlevés à Bagdad, Georges Malbrunot et Christian Chesnot, l’ont été par des ravisseurs qui demandaient l’abrogation de la loi de 2004 ; enfin, en décembre, lorsque les otages ont été libérés, l’inspection générale est montée à nouveau au créneau, et il nous a été objecté par le cabinet de Fillon que le ministre était en train de préparer une loi de programmation et d’orientation, ce qui avait pour conséquence que notre rapport n’était plus d’actualité. Nous avons alors compris qu’il était enterré. Rétrospectivement, il me paraît évident que le ministre de l’Education nationale ne l’a même pas lu.  Comment votre rapport a-t-il été accueilli dans le débat public ? J.-P. O. : Sincèrement, les observations que dix inspecteurs généraux avaient recueillies en se rendant dans une soixantaine d’établissements ont laissé beaucoup de gens indifférents. L’intérêt d’un intellectuel comme Alain Finkielkraut, qui a vraiment été précurseur, n’en est que plus méritoire. Il m’a invité sur France Culture à parler de mon rapport une fois que celui-ci a été en ligne sur le site internet de la Ligue de l’enseignement. Parmi les « lanceurs d’alerte », quelque temps plus tôt, il y a eu, aussi, le livre collectif de Georges Bensoussan intitulé Les territoires perdus de la République, en 2002. Je l’avais lu avant d’entreprendre notre enquête. Ce qu’il m’avait appris, c’est que, outre l’antisémitisme, beaucoup de professe ...

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