Jean Birnbaum « Quand on chasse en meute, on se prépare un monde sauvage »

Journaliste, auteur de plusieurs essais, Jean Birnbaum dirige « Le Monde des Livres ». Il dresse un tableau sinistre des débats actuels où le clash a, hélas, remplacé la contradiction constructive. L’air est-il devenu irrespirable ?Jean Birnbaum : Pour moi, tout part de cette formule d’Albert Camus, qui dit : « Nous étouffons parmi les gens qui croient avoir absolument raison ». Je pense que nous sommes nombreux à étouffer, aujourd’hui, dans ce climat de suspicion généralisé où l’on oppose sans cesse l’idéologie à l’idéologie, les slogans aux slogans. J’ai la conviction qu’il y a une sorte de fraternité souterraine de toutes les femmes et de tous les hommes qui ne supportent plus ce climat, qui en souffrent en secret, mais qui n’osent plus rien dire, parce qu’ils préfèrent rester silencieux plutôt que de participer à l’hystérisation ambiante. Avec ce livre, j’ai voulu faire une sorte de câlin mélancolique à toutes ces personnes qui, comme moi, n’en peuvent plus de ce climat, et voudraient retrouver la possibilité d’une discussion loyale, respectueuse, c’est-à-dire à la fois franche et honnête. Est-ce le rôle des réseaux sociaux qui fait disparaître la nuance et le débat contradictoire argumenté ?J.B : Il est important, même s’il reflète aussi une crispation plus générale. Twitter, par exemple, est devenu depuis quelques années une sorte de théâtre d’ombres où tout le monde cherche le clash. Désormais, les gens semblent préférer un adversaire déclaré à un contradicteur loyal, qui pourrait venir bousculer leurs certitudes avec ses arguments. Partout s ...

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