Israël et la tentation syrienne
Cela ressemble à un piège. Quatre ans après le début de la guerre syrienne, Israël doit répondre à une question à laquelle il a jusqu’ici proposé une réponse, l’esquive, qui lui a plutôt bien réussi : comment conserver une position de neutralité alors que la situation sur le terrain dessine une nouvelle réalité ? Jusqu’ici, Tsahal s’est maintenu à distance d’un conflit qui a déjà causé plus de 230 000 morts, dont près de 70 000 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La lutte à mort entre les forces loyales à Bachar El Assad et les groupes rebelles, dominés par Daech et le Front Al Nosra, présentait, du point de vue de Jérusalem, au moins deux avantages : rayer de la carte stratégique la menace conventionnelle représentée par l’armée syrienne ; contraindre le Hezbollah à concentrer ses forces contre les djihadistes, en Syrie mais aussi au Liban, plutôt que sur le territoire israélien. Le calcul du coût d’opportunité d’une intervention de Tsahal en Syrie – frappes aériennes, envoi de forces spéciales – n’incitait pas en conséquence Jérusalem à modifier d’un iota sa ligne dans la crise syrienne.Le cours des événements a néanmoins ces jours-ci mis à l’épreuve le principe de non-ingérence israélien. Mises à mal par les avancées des rebelles, les forces de Bachar El Assad opèrent actuellement un repli défensif, notamment suite à la perte de la province d’Idleb, dans le nord-ouest. Objectif : mieux défendre le réduit alaouite, à l’ouest, un bastion stratégique pour la survie du régime. Cette nouvelle tactique du pouvoir a placé en porte-à-faux les Druzes, minorité traditionnellement alliée au régime et plus que jamais dans la ligne de mire des djihadistes. Al Nosra considère en effet les Druzes comme des cibles légitimes à double titre, à la fois pour leur soutien à Assad et pour leur confession, hérétique selon les djihadistes. Le chef de la filiale d’Al Qaïda en Syrie, Mohammad Al Joulani, a d’ailleurs récemment averti : « Quand nous entrerons dans ces villages, nous demanderons [aux habitants] de se convertir. En cas de refus, nous les exécuterons ».Les Druzes dans la ligne de mire des djihadistesD ...