Interview du juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière: « Une volonté évidente de frapper une cible juive présentant une facilité opérationnelle »
Actualité juive: Quelles sont les similitudes et les différences entre Mohammed Merah et Mehdi Nemmouche? Jean-Louis Bruguière : Ce qu'il y a de semblable c'est que l'on est devant un homme qui agit a priori seul, même si on ne connait pas son organisation logistique. Mais il apparaîtra sans soute qu'il s'est appuyé sur le réseau criminel et délinquant dans lequel il a vécu avant de partir en Syrie, et pas sur un réseau islamiste. Les points communs sont aussi la radicalité et le choix de la cible: il y une volonté évidente de frapper une cible juive qui présente une facilité opérationnelle. Je ne pense pas que cet homme ait effectué de longs repérages. Il a choisi la facilité. Mohammed Merah a fait le djihad en Afghanistan, Nemmouche en Syrie, c'est la principale différence. Le contexte syrien est aujourd'hui à l'origine de beaucoup d'inquiétudes pour les Européens. Juste à notre niveau national, à peu près 700 jeunes français ont effectué des allers-retours avec la Syrie où sévissent l'EIIL et Al Nosra. EIIL que même Al Qaïda a condamné du fait de sa radicalité. A.J: Nemmouche et Merah sont Français: y-a-t-il un contexte spécifique dans l'Hexagone? J.-L. B.: Depuis les années 90, il y a en France plusieurs mouvances islamistes radicales: le GIA, le GSPC, qui a donné naissance à AQMI, et des groupes tunisien et marocain. A.J: Cette deuxième attaque semble renforcer l'idée que la menace a changé depuis une dizaine d'années. Vous confirmez? J.-L. B.: Tout à fait. Nous avons affaire à quelque chose de plus dilué. Le système de terrorisme en réseau, hiérarchisé, est en train de laiss ...