Igor Delanoë : « Des convergences relatives entre la Russie et l’Iran »
Actualité Juive : Quels sont les intérêts de la Russie en Syrie ?Igor Delanoë : Il s’agit tout d’abord d’intérêts globaux, la Syrie étant souvent présentée comme un des derniers bastions russes au Moyen-Orient. Pendant des décennies, la Syrie fut un client de l’URSS puis de la Russie pour l’équipement de son armée. Il ne faut pas néanmoins surestimer les intérêts économiques russes en Syrie. Cette dernière n’était pas un client solvable pour les contrats de défense et ne l’est guère davantage aujourd’hui. Il faut en effet souligner que la Syrie est située à moins de 1000 kilomètres au sud de la Russie ; c’est très proche. Vu de Moscou, les processus à l’œuvre au Moyen-Orient ces dernières années, en particulier les printemps arabes, risquaient de se traduire en Syrie par l’arrivée au pouvoir d’islamistes hostiles à Moscou, à une déstabilisation du pays sur le modèle libyen et à l’avènement d’un havre pour le djihadisme international. Les Russes voulaient éviter l’établissement d’un sanctuaire terroriste situé à 800-900 kilomètres de Sotchi. Force est de constater que Moscou est parvenu à préserver les institutions étatiques dans la Syrie utile, en dépit de l’instabilité et de la présence de groupes djihadistes dans le pays. A.J.: Depuis l’intervention de septembre 2015, quel est le bilan de l’action des forces militaires russes ? I.D. : Cette intervention a d’abord permis de sauver le régime de Bachar El-Assad. Lorsque la Russie intervient en 2015, celui-ci était sur le point de s’effondrer, les Iraniens ne parvenant pas à endiguer l’avancée des groupes rebelles et terroristes. Une fois le régime consolidé, le deuxième objectif russe a été de regagner du terrain. Entre fin 2015 et début 2018, les dynamiques sur le terrain ont été complètement inversées. Les forces loyalistes – régime, gardiens de la Révolution, milices chiites, Hezbollah – sont au ...
