Harmonie du temps et patience
Notre société ne laisse plus le temps de réfléchir, de prendre du recul. On nous pousse à agir dans l’immédiateté non pour le bien des choses mais pour la performance et l’efficacité. Le présent envahit l’espace du temps, récuse le passé, se moque de l’avenir, et l’exigence de l'urgence devient de plus en plus mortifère. Cette situation ne signifie nullement qu’il faille revenir à l’époque où rien n’était pressé et où perdre son temps ou en profiter était le privilège de nantis sur lesquels aucune contrainte ne pesait. La patience dans bien des cas donne une maîtrise de soi qui s'accompagne d’une espérance pour l’avenir. Elle réalisera son espérance en respectant l'éthique. Celui qui ne se satisfait que de son présent s’enracine dans l’immobilisme sans se préoccuper de la détresse du monde. Il n’a de projet que pour lui-même et s’illusionne sur un monde où chacun ne vit que de reflets et d’apparences. La patience peut être aussi une stratégie qui permet aux situations les plus opaques ou confuses d’être éclairées et mûries par le temps. Les conflits, les tensions, peuvent avec une gestion opportune du temps pacifier les relations humaines. En d’autres termes, la patience peut être une vertu. Mais que faire quand elle se transforme en résignation et acceptation d’une dépendance vis-à-vis de certains qui en abusent et placent ceux qu’ils contrôlent dans un état d’oppression ? Dans ce cas-là, elle se transforme ...
