Hannah Assouline : Les yeux dans les yeux
Dans ses photos, les mains des écrivains sont comme leur portrait. Une originalité qui illustre une magnifique esthétique de la photographe-reporter. Elle n’est pas facile d’accès, mais quand Hannah Assouline se raconte, on a envie de l’entendre sur chaque pan de sa vie. Ses parents durent quitter le Maroc pour trouver un travail. Ainsi Hannah naît en 1956 à Colomb-Béchar en Algérie, mais la culture marocaine reste dominante chez eux. De plus, Baba Salé est central. Cette figure du judaïsme marocain est l’oncle adoré de sa mère, et aussi l’initiateur, pendant vingt ans, de son père au métier de rabbin, avant même qu’il ne connaisse sa femme. Hannah s’amuse à raconter que lorsqu’elle voit la photo du maître chez un commerçant (hébergé chez ses parents quand il passait à Paris), elle demande une ristourne en précisant que c’était son grand-oncle… En 1962, la famille (cinq enfants) émigre à Marseille et s’installe finalement à Paris. Le grand rabbin Rahamim Naouri se prend de sympathie pour le père Assouline, et le Consistoire lui donne la possibilité d’animer une synagogue du Marais. Le patriarche, très grand connaisseur des textes, exerça également comme sho’het (sacrificateur rituel). Sa descendance étudie dans des écoles juives. Hannah devient membre des EEIF, les Éclaireuses Éclaireurs Israélites de France, et participe aux colonies juives.Très attirée par le monde ashkénaze, le mouvement Loubavitch trouve grâce à ses yeux, ce qui n’enthousiasme pas le paternel autrement ultra-orthodoxe. Jusqu’à ce que les interdits inhérents à la religion lui pèsent tout comme l’autorité scolaire et parentale. En 1969, à l’époque du Printemps de Prague, l’étudiant en histoire Jan Palach s’immole sur la place Venceslas en signe de ...
