France/Politique

Gilles-William Goldnadel « L’identité n’est pas un gros mot, vous en savez quelque chose »

L’avocat et commentateur politique n’a jamais été aussi présent dans les médias et sur les réseaux sociaux qu’aujourd’hui. Dans son dernier livre*, il explique ne voir les dangers qui menacent la France que venant de la gauche.

Vous êtes chroniqueur au Figaro, intervenant régulier dans l’émission « Punch line » sur CNews et Europe 1, vous comptez plus de 200 000 abonnés sur Twitter. Vous bénéficiez d’une grande popularité dans l’opinion publique parce que vous dénoncez sans relâche la pensée islamo-gauchiste que vous considérez « dominante ». Les choses n’auraient-elles pourtant pas changé ?
Gilles-William Goldnadel : Sans doute ont-elles changé en raison du coup de boutoir des réalités. Sans les attentats terroristes et les massacres de juifs, ce que nous annoncions depuis tant d’années n’aurait pas été compris. Il y a quelques années encore, le simple fait d’employer le terme « islamo-gauchisme » nous valait une pluie de critiques et d’accusations de racisme. Ce qui paraît évident, aujourd’hui, ne l’était donc pas du tout il y a encore une quinzaine d’années et ceux qui ont contribué à faire comprendre les choses sont avant tout les terroristes eux-mêmes et les antisémites.

Est-ce là, toutefois, le seul danger qui nous menace ? Occultez-vous le danger qui provient également de l’extrême droite ?
G-W. G. : Mon analyse concerne la France. Non pas les États-Unis, par exemple, où l’extrême droite américaine est infiniment plus dangereuse qu’ici. Qu’on le veuille ou non, depuis 1945, le sang juif qui a coulé en France est le fait de l’islamisme et des groupes propalestiniens, qui ont agi avec la bienveillance et la complicité intellectuelle de l’extrême gauche. Depuis plus de cinquante ans, la communauté juive organisée n’a fait que reproduire les errements d’une grande partie de la communauté médiatique et universitaire. Elle a – si j’ose dire – fantasmé sur l’extrême droite fasciste, au risque encouru d’être prise à revers et par l’extrême gauche, et par l’islamisme qui, en réalité, ont bénéficié d’un défaut et d’une absence de vigilance. Je ne suis pas dans le fantasme ni la construction intellectuelle et j’en veux très clairement à la communauté juive organisée d’avoir mis dans le vent une partie de la communauté juive pendant des années en poursuivant des chimères issues de la Seconde Guerre mondiale et en ne voyant pas les vrais bataillons antisémites qui étaient en train de se constituer.

La lutte contre l’extrême gauche conduit-elle forcément à un positionnement à l’extrême droite ?
G-W. G. : La perception de ce qu’est l’extrême-droite laisse beaucoup à désirer. Mes critères de définition de l’extrême droite, c’est lorsque l’on utilise la violence dans la rue – ce que faisait les ligues d’extrême droite en 1934 – lorsque l’on utilise le racisme biologique, que l’on essentialise les gens et que l’on est contre la démocratie. Or, je ne vois pas sur l’échiquier politique représenté en France des gens qui correspondent à cela. Et sur ces critères-là, je ne pense pas que Marine Le Pen puisse être qualifiée d’extrême droite.

Il y dix ans, vous estimiez qu’un juif qui voterait au FN se fourvoierait. Vous le pensez toujours ?
G-W. G : Non, parce que le Rassemblement national n’est plus le Front national et que Marine Le Pen n’a rien à voir avec son père. Elle est insoupçonnable sur l’antisémitisme ou sur la question d’Israël.

Vous prenez régulièrement la défense d’Éric Zemmour. Qui de Marine Le Pen d’Éric Zemmour choisiriez-vous de soutenir ?
G-W. G : Je suis un ami de quarante ans d’Éric Zemmour et je pense bien le connaître. Sur le terrain de la lutte contre l’immigration massive, je vous mentirais si je vous disais que ses positions me rebutent. Sur la question juive et israélienne, en revanche, j’ai un vrai problème avec lui. Par un étrange paradoxe, la fille de Jean-Marie Le Pen est aujourd’hui plus ouverte qu’Éric Zemmour. Dans son dernier livre, au demeurant très intéressant, il ne consacre pas un seul mot à la souffrance juive actuelle. Il y a là un angle mort que j’ai du mal à expliquer psychologiquement. Je pense aussi qu’il se trompe sur Pétain, ce qui ne fait pas de lui un pétainiste. Tout comme j’ai été chagriné par ses propos sur les enfants Sandler, sans que cela ne fasse de lui un antisémite.

Éric Zemmour a mis la question de l’identité au cœur des débats de la campagne présidentielle. Est-ce sur cette thématique que devrait se jouer le scrutin ?

G-W. G. : Je l’espère car c’est une question existentielle. L’identité n’est pas un gros mot, vous en savez quelque chose. C’est bien là la première de mes grandes divergences avec la communauté juive organisée. Il y a des années déjà, j’écrivais dans une chronique où je prenais la défense de Valéry Giscard-d ‘Estaing que je ne pouvais supporter qu’on soit d’un réalisme d’acier quand il s’agit d’Israël, mais d’un angélisme de plume lorsqu’il s’agit de la France. Pourquoi considèrerait-on normal qu’Israël soit doté de frontières sûres, d’une police efficace et d’une armée et que l’on n’accorde par la loi du retour aux Palestiniens et qu’on refuserait tout cela à la France ? Propos recueillis par Laëtitia Enriquez

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