Gilles Kepel : « La stratégie de l’islamophobie du CCIF se fonde sur une analyse de l’antisémitisme »

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Actualité Juive: Un marché de Noël a été frappé lundi soir à Berlin, causant douze morts et une cinquantaine de blessés. Quel parallèle dresser avec l’attentat de Nice, l’été dernier ? Gilles Kepel : A Nice comme à Berlin, on a visé deux symboles. D’un côté, la fête nationale française, symbole de l’impiété et de la victoire des Lumières sur la superstition – le wahhabisme naît en même temps que la révolution de 1789 –  et la promenade des Anglais, symbole hédoniste. De l’autre, la fête chrétienne de Noël visée dans sa dimension festive et païenne de la trêve des confiseurs. Le parallélisme est très fort en effet entre ces deux événements, avec en outre l’usage d’un camion énorme fonçant sur la foule. Dans un contexte marqué par la chute d’Alep, l’assassinat par un policier turc de l’ambassadeur russe à Ankara, la razzia des djihadistes sur Palmyre, alors que Rakka, en Syrie, et Mossoul, en Irak, ne sont pas encore tombés, tout cela se conjugue pour vouloir donner le sentiment que Daech n’est pas mort. A ce stade [mardi après-midi, NDLR], l’attentat n’est pas encore revendiqué. Mais c’est à l’Etat islamique que le crime profite. Et cela renforce la fracture sur le sol allemand. A.J.: A rebours de la thèse du « loup solitaire », votre livre recompose les pièces du puzzle du djihadisme français. Pourquoi cette thèse a-t-elle été aussi séduisante dans l’opinion publique ? G. K. : C’est parce qu’elle permet de justifier l’ignorance. Quand on parle de « loup solitaire », on veut dire qu’on ne sait pas d’où cela vient. On retient notamment comme causalité une faille psychique du terroriste. C’est également la raison pour laquelle les thèses d’Olivier Roy ont beaucoup de succès chez un certain nombre de journalistes qui, ne connaissant pas l’arabe, le contexte, ne pouvant pas lire les textes d’idéologie du salafisme, s’entendent dire par celui-ci que ces connaissances sont inutiles. Déjà en 2012, on qualifiait Mohammed Merah de loup solitaire. On sait pourtant aujourd’hui qu’il a été socialisé dans la communauté salafiste d’Artigat dans l’Ariège par où sont passés les frères Fabien et Jean-Michel Clain ou Thomas Barnouin, responsables du départ de dizaines de personnes vers la Syrie. A la différence du djihadisme de deuxième génération, pyramidal, où Ben Lad ...

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