François Vignolle (M6): « La crainte des services de renseignements occidentaux : voir des cellules dormantes passer à l’action en Europe »
Actualité Juive: Cette enquête a-t-elle été délicate à mener ?François Vignolle : Cela a été difficile d’entrer en contact avec ces jeunes. Nos communications ont souvent été établies via Internet car les djihadistes se trouvaient en Syrie. Il nous a été plus difficile d’en rencontrer en France car ils sont en général mis en examen et placés en détention provisoire lorsqu’ils reviennent sur le territoire. Ceux avec qui nous avons échangé nous ont raconté leur quotidien. A leurs yeux, l’engagement djihadiste s’inscrivait dans leur parcours religieux, validait d’une certaine manière leur islam. Leur devoir est, selon eux, d’être là-bas, voire de finir en chahid, en « martyr ». Ils rejettent le modèle républicain français, la France étant perçue comme un pays ne respectant pas l’islam. L’interdiction du voile intégral en France revient ainsi souvent dans leurs discussions. Cette « armée invisible » de djihadistes français – on évalue à un peu plus de 350 le nombre de Français actuellement engagés dans les forces djihadistes en Syrie – rejoint le Front Al Nosra, qui a fait allégeance à Al Qaïda, ou l’Etat islamique. Ces deux groupes, contrairement à l’Armée syrienne libre, veulent instaurer la charia sur leur territoire et installer sur les terres conquises un Etat islamique. A.J.: Ces djihadistes français projettent-ils de terminer leurs jours en Syrie ?F.V. : Beaucoup ne veulent pas rentrer en France et désirent fonder une communauté en Syrie autour des valeurs islamiques. Ils considèrent les Français comme des « kouffars », des mécréants. On estime néanmoins que 10 à 15% de djihadistes seraient rentrés en France. Si certains combattent, d’autres sont en effet relégués aux corvées, car jugés pas assez forts et endurcis. L’atrocité des combats auxquels ils assistent peut également les surprendre. Ils décident alors de rentrer, la r ...
