Fakhrizadeh, géopolitique d’une exécution

L'exécution extra-judiciaire du véritable commandant en chef de tout le programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, est en elle-même « un fait social total » comme l'avait été baptisé le grand historien Henri Hauser (1866-1946) qui aimait démontrer à l'aide d'exemples historiques comment ce genre d’événements révélait toujours une pluralité de causes engrenées les unes sur les autres - pluralité dont le décryptage nous ouvre le regard sur de nombreuses perspectives, en l’occurrence dans au moins cinq directions différentes.Première surprise, et de taille : pour une fois, le régime iranien, spécialiste mondial des galéjades, nous dit ici la vérité la plus exacte. L'exécution a été planifiée de toute évidence par le Mossad et les exécutants en ont été ces «moudjahidines », issus à l'origine d'un courant islamo-gauchiste très vite dressé par un goût de la vengeance quasi médiévale contre le régime qui avait versé leur sang sans la moindre merci. Depuis lors, ces combattants de la vengeance n'avaient pas hésité à se mettre au service de l'ennemi héréditaire, les baasistes irakiens, et à se faire récupérer par la suite par les services israéliens en quête de supplétifs aussi audacieux et ne craignant pas la mort, bientôt au cœur même de Téhéran et de son bazar largement turcophone et azéri, où les services de Bakou fournissent le renseignement et les kamikazes « Moudj », le service Action. Dans cette affaire, les Américains en pleine transition politique et à la recherche de complaisances diverses, au moins en apparence, n'ont pas été impliqués dans l'affaire. Le montage précédent y suffisait largement. Et voilà pourquoi Téhéran vient de proférer l'exacte vérité. Deuxième surprise, le message adressé à l'Iran est un message «à la cantonnade » dont le contenu s'adresse d'abord à la Turquie voisine, aux États d'Asie centrale et même aux talibans répartis de part et d'autre de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, entre Kaboul et Peshawar. Tout le monde sait en réalité que le problème stratégique essentiel provient d'Erdogan et de l’État turc. Certes, le dictateur d’Ankara demeure très isolé dans son pays même, et ses provocations répétées lui valent la détestation unanime des 20% de Kurdes que compte le pays, de toute l'élite notamment patronale, la Tusyad et sa remarquable présidente Umit Boyner, mais aussi enfin de la classe politique turque unanime, y comp ...

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