Eric Zemmour ou l’histoire de Vichy pour les nuls
Il n’est jamais simple de résumer un livre de cinq-cents pages en un sous-chapitre qui n’en compte pas même dix. Mais il est certainement encore plus délicat de faire l’impasse sur la plus récente tentative de réhabilitation du régime de Vichy par un journaliste aussi installé et populaire qu’Eric Zemmour. Le chroniqueur star du Figaro signe avec Le Suicide français (Albin Michel) l’essai le plus débattu de cette rentrée littéraire. La tentative de proposer une histoire globale du déclin de la France, illustrée à la lumière d’événements politiques, sociaux et culturels d’une grande diversité – de la mort du général de Gaulle au divertissement adolescent « Hélène et les garçons » – ne manque pas de formules acérées, même si l’ensemble pêche souvent par systémisme idéologique, au risque de tomber dans l’absurde. Un même constat pourrait être tiré de son portrait du régime de Vichy. L’immoralité en plus. Dans ces sept pages intitulées « Janvier 1973 : Robert Paxton, notre bon maître », le polémiste fulmine contre une « doxa » injustement sévère contre le maréchal Pétain et Pierre Laval. Les historiens Robert Paxton et Serge Klarsfeld en prennent pour leur grade, eux qui ont contribué à révéler, sources à l’appui, la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation des Juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour appuyer sa démonstration, Eric Zemmour cite notamment le travail de l’historien et rabbin Alain Michel, auteur de Vichy et la Shoah. Enquête sur leparadoxe français (2012, CLD). Selon lui, il apparaît que le « pouvoir antisémite, cherchant à limiter l’influence juive sur la société par un statut des Juifs inique, infâme et cruel, et obsédé par le départ des Juifs étrangers […] réussit à sauver les « vieux israélites français ». L’essayiste en tirera quelques lignes plus loin une conclusion dont les réso ...
