Entretien : « Face aux fractures de notre pays, Blum aurait su trouver les mots »

Dans la biographie qu’il consacre à Léon Blum, l’avocat Frédéric Salat-Baroux, ancien secrétaire général de la présidence de la République et conseiller d’État, souligne la fibre juive du leader socialiste.  Actualité Juive : En quoi la vie du Blum d’avant le Front populaire est-elle éclairante pour notre époque ? Frédéric Salat-Baroux : Avant d’être l’homme du Front populaire, Blum est un héros de roman. Comment passe-t-on de l’intellectuel mondain, ami de Proust et de Gide, à l'homme de fer du socialisme, qui, se dresse, en 1920, face à Lénine, pour s’opposer à la dérive dictatoriale du bolchévisme. Cette recherche est le sens du livre. La politique a été, pour lui, une vocation plus tardive…  F.S.-B. : Blum s’est très longtemps cherché tant professionnellement qu’entre les femmes de sa vie. Puis par la force des événements - l’affaire Dreyfus, la mort de Jaurès -, l’amour de pasionaria socialiste de Thérèse, il va accepter sa nature d’homme d’État. Pour lui, l’ordre de la vie restera toujours : l’amour, la littérature et la politique bien sûr, mais ensuite. C’est en cela qu’il est profondément humain. Parce qu’il incarne l’humanisme français, nourri de ses diversités, il est, selon moi, l’autre grand homme de notre XXe siècle avec de Gaulle qui symbolise la France du granit et des cathédrales. Cette tranche de vie vous a-t-elle permis de révéler sa dimension juive ? F.S.-B. :L’historiographie selon laquelle le judaïsme de Blum explique peu l’homme du Front populaire a évolué grâce à Ilan Greilsammer. Il m’est apparu d’évidence qu’on ne pouvait pas comprendre Blum sans voir le Juif d’État, au sens où l’entend Pierre Birnbaum, et le Juif de la Belle Epoque qui a tant de similitudes de sensibilité avec un Stefan Zweig ou un Walter R ...

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