En Iran, Le Drian face à un mur
« Un dialogue de vérité ». L’expression résume à elle seule le chemin de crête que tente d’emprunter la diplomatie française à l’égard de l’Iran. Reportée en janvier suite aux manifestations populaires contre la politique économique et internationale du régime, la visite dans le pays de Jean-Yves Le Drian, les 4 et 5 mars, devait illustrer la stratégie française de médiation entre les Etats-Unis et l’Iran, alors que les risques de rupture n’ont jamais été si aigus depuis la signature de l’accord international sur le nucléaire iranien (JCPOA), en juillet 2015 « L’Iran est un grand pays et un acteur clé dans la région, nous devons nous parler et nous parler clairement », avait affirmé le ministre français des Affaires étrangères, dans Le Journal du dimanche, la veille de son départ. Ce premier voyage en Iran d’un haut responsable européen depuis l’ultimatum lancé par Donald Trump, menaçant le 12 janvier de quitter le JCPOA si celui-ci n’était pas amendé, a néanmoins permis de mesurer la distance qui sépare toujours les deux capitales sur les dossiers sensibles, soulignant en creux les sérieux écueils auxquels risquaient de se heurter le « en même temps » macronien appliqué au nucléaire et au balistique iraniens. Devant l’aéroport international Mehrabad de Téhéran et le ministère des Affaires étrangères, un petit groupuscule d’étudiants est venu accueillir à sa manière l’hôte français. « L’Iran n’est pas la Libye », « Crimes français » pouvait-on lire sur quelques pancartes de couleur rédigées dans la langue de Molière. La presse conservatrice iranienne n’était pas en reste. « Une arme de séduction massive atterrit à Téhéran », annonçait dimanche le Tehran Times, « l’invité impoli » surenchérissait le titre ultra Vatan-E-Emrooz quand Javan barrait sa Une d’une photo de Jean-Yves Le Drian, un chapeau sur la tête aux portes de l’Elysée : « Le serviteur de Trump à Téhéran ». Parfois, les désaccords intérieurs se superposent aux interférences diplomatiques, le jou ...