Elisabeth Lévy : « Je préfère les récits de juifs victorieux, comme celui d’Israël, à ceux des juifs persécutés »
Actualité Juive : Dans votre édito « Ma guerre de Gaza », l’avocat Gilles-William Goldnadel vous reproche « un reste de surmoi de gauche » sur la question israélienne, quand d’autres vous présentent comme « un suppôt de Netanyahou ». Quel est votre lien avec Israël ? Élisabeth Lévy : Dans « Soumission » de Houellebecq, un personnage a cette phrase alors que sa jeune compagne fait son alyah pour échapper à l’islamisation de la France : « Pour moi, il n’y a pas d’Israël. » Eh bien pour moi il y en a un, c’est-à-dire un pays qui me délivrerait un passeport sur la simple présentation de l’acte de mariage de mes parents. Comprenez-moi : je n’ai nullement l’intention de faire mon alyah, mais posséder un refuge fantasmatique n’est pas rien. De plus, c’est le signe que dans un monde post-national et post-tout, ce pays conserve un lien particulier avec l’Histoire. Par ailleurs je préfère les récits de juifs victorieux, comme celui d’Israël, à ceux des juifs persécutés. L’identité juive n’est pas seulement faite de malheurs et de persécutions, et c’est bien sûr vrai dans la France d’aujourd’hui. Enfin, j’aime le foutoir idéologique et spirituel israélien…A.J.: Le débat, une chose qui vous est chère… E. L. : Pas chère, indispensable ! J’aime penser que les juifs ont apporté trois choses au monde : la Torah, l’humour et le goût de la polémique. Il y a mille façons d’être juif et on peut l’être sans pratiquer et même s ...