Elie Tenenbaum : « Les patrouilles mobiles de Sentinelle créent une incertitude chez les terroristes »

Actualité Juive : Selon vous, la mobilisation de l’armée de terre pour l’opération Sentinelle a induit en creux l’idée  d’une incapacité et d’une inadaptation des forces de sécurité intérieures à répondre à la menace djihadiste. Pour quelles raisons ? Elie Tenenbaum : Le principe dit des « 4 I » conduit à faire intervenir les forces armées dans des missions de sécurité intérieure lorsque les forces de police et de gendarmerie sont jugées indisponibles, insuffisantes, inexistantes ou inadaptées. Les trois premiers éléments relèvent d’une logique quantitative ; la dernière d’une logique qualitative. Il y a des choses que seules les forces armées sont en mesure de faire, notamment pour rassurer la population. Ils disposent en effet d’un équipement, de compétences, d’une habitude de la violence que n’ont pas les forces de police. En ce qui concerne l’opération Sentinelle, c’est la logique de ressources qui a pris le pas. L’armée a été mobilisée pour suppléer à des forces de sécurité intérieure qui n’avaient pas les ressources suffisantes. Même si le gouvernement parle bien d’une « militarisation de la menace », ce sont les forces de police – dont les équipements ont été renforcés – qui demeurent en première ligne, tandis que les militaires ne sont appelés que pour des missions de sécurisation qui ne mettent pas toujours en valeur les compétences intrinsèques de l’armée. A.J.: Comment les militaires ont-ils réagi à l’inflation du nombre de sites à surveiller, passés de 300 à 12 000 en dix-huit mois ? E. T. : S’il faut douze hommes pour sécuriser un site de 9h à 18h avec des gardes « statiques », avec l’inflation du nombre de sites, les effectifs disponibles n’y suffiront pas. Seule une petite partie des sites sensibles bénéficient donc d’une garde fixe. Aujourd’hui il s’agit surtout des sites liés à la communauté juive. Cependant, malgré ces allures rassurantes, cette posture a pour effet de transformer les militaires en cible.Autre problème, cette présence dévoile des cibles : de nombreux sites communautaires étaient jusqu’ici discrets et cette discrétion était leur principal gage de sécurité. La population ne savait pas qu’il y avait ici une synagogue, là un centre communautaire, jusqu’à l’arrivée des soldats dans le tissu urbain. Pour un terroriste, c’est une information précieuse. Pour toutes ces raisons, l’armée a demandé aux préfets de rédiger des réquisiti ...

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