Élie Barnavi « Les séries, instrument du rayonnement d’Israël »
Né en 1946, l’historien Élie Barnavi, professeur émérite à l’université de Tel Aviv et ancien ambassadeur d’Israël en France, est un spécialiste éminent des relations internationales et de l’histoire de la France moderne. Les séries que produit Israël constituent, chaque année davantage, un élément-clé dans l’affirmation du soft power israélien et dans l’amélioration de l’image internationale de l’État juif. Pourquoi, d’après vous ?Élie Barnavi : Ce qui nous arrive est tout de même assez extraordinaire. Plus nous montrons « at home » des difficultés pour nous entendre et pour dégager un système politique qui marche, plus la projection de puissance d’Israël apparaît remarquable. Nous assistons à une déconnexion entre la situation domestique et l’évolution de notre influence à l’extérieur, et au-delà même de la région naturelle du Moyen-Orient. Bien sûr, au premier abord, il pourrait être tentant de considérer des séries, aussi performantes et bien racontées soient-elles, comme Hatufim, comme des aspects somme toute mineurs de cette influence ; ce serait une erreur. Pourquoi ? E.B. : Précisément parce que ces séries, tout en démontrant notre créativité, soulignent aussi la projection internationale de la puissance israé-lienne. Homeland, qui est la version américaine de Hatufim, est devenu un must planétaire. Fau-da aussi un vrai « hit ». Quel est, selon vous, le poids d’influence de ces pro-ductions de l’industrie du divertissement ?E.B. : Je ne sache pas que des enquêtes aient été faites à ce sujet. Tous les pays qui ont des séries bien faites et célébrées à l’étranger voient ces pro-ductions rejaillir favorablement sur eux, sur leur image. Il est évident que les séries sont devenues un moyen de rayonnement et un instrument de puissance à l’étranger. Cette industrie culturelle s’intègre-t-elle, d’apr ...
