Disparition d’Imre Kertesz, prix Nobel de littérature pour son oeuvre sur la Shoah

Lorsque Georges Perec mourut, les jours passaient et ses amis de la synagogue du quartier du Marais qu’il fréquentait s’étonnaient de ne pas avoir de date pour son enterrement. Un célèbre réalisateur de ses proches, lui-même brutalement décédé en 2004, s’inquiétait puis appris que Georges Perec, enfant caché durant la Seconde guerre mondiale, avait sciemment choisi d’être incinéré – pour « partir comme eux ». Ce réalisateur expliquait qu’il y avait dans cet acte quelque chose d’une « avéra lichma », une transgression commise au nom de D’ieu. Le sens, perdu à cause de la « Solution finale » ne revenait que par un choix disant l’opposition à la tradition. Comme s’il avait fallu le sacrifice de ses obsèques pour que le signifié revînt à Perec. Et l’écriture de Perec disait cela dans ses jeux sur la langue, sur le signifiant. Son roman le plus célèbre, « La disparition », ne narrait-il pas une enquête sur la disparition de la lettre « e » et comme expression de celle-ci, l’absence de cette lettre dans tout le texte ? Le e et « eux » étaient partis. Le sens avait fui. Une manière d’exprimer l’absence.Il faudra vivre l’absence d’Imre Kertesz. Son décès ce jeudi 31 mars 2016, signe la disparition de l’exact opposé de Georges Perec. La veine qu’il a creusée aura fait du présent le personnage principal de son œuvre, comme pour emprisonner dans les mots, dans leur signifié, leur sens le plus simple, voire naïf, son expérience concentrationnaire. Né en Budapest, Kertesz ne dit pas l’absence de ses proches après la Shoah. Il a lui-même été déporté à Auschwitz à l’âge ...

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