Dernières nouvelles de la Chine
Notre période de pandémie est aussi celle de la défaite, aussi inopinée que soudaine, de toutes les idées reçues. On aurait même l’impression que, par un processus qui ressemblerait à la sélection naturelle darwinienne, les plus étourdis des représentants autoproclamés de nos « classes bavardes » ont trouvé le moyen de proférer tout de suite et sans aucune prudence les nouvelles vérités premières – que l’expérience souvent immédiatement ultérieure s’ingénie à démentir, parfois de manière cinglante. La dernière trouvaille de nos cerveaux-choc consistait à affirmer, le plus souvent pour le déplorer, que la dictature chinoise s’était montrée, dans l’affaire du Covid, au total bien plus performante, bien meilleure en réalité, que toutes les démocraties concurrentes empêtrées derrière l’Amérique, dans des procédures dérisoires dont le modèle chinois serait en train de démontrer l’inanité. Comme dans une véritable contagion du reste, l’autoritarisme russe qui se réclame du modèle chinois ferait mieux que l’Amérique pour ne pas parler des trois grands Européens – France, Angleterre et Allemagne -, tous trois englués dans leurs palabres procédurières et leurs incompétences additionnées. Dans son extrême malice et son humour inaltéré, le dieu Covid, ou peut-être quelqu’un d’autre, vient de nous apporter, depuis Pékin, le contrepoison immédiat à tout ce flot de bêtises. Xi Jinping a bien rétabli la totalité des pouvoirs d’ « un empereur de Chine » traditionnel, en supprimant d’un trait de plume le mandat de dix ans qu’avait instauré Deng Xiaoping, au sortir de l’autocratie maoïste. Mieux encore : le nouvel État centralisé chinois est parvenu à créer par une série de relais géopolitiques un véritable système d’hégémonie panasiatique. Cela équivalait à reformuler ce que l’impérialisme japonais en son époque avait voulu formuler sous le nom de « ...
