Dans le sud d’Israël, vivre malgré la peur

« Pour moi, chaque camion qui arrive de Gaza est potentiellement rempli de TNT ». En cette douce matinée d’automne, les camions avancent au pas, perçant à peine le silence environnant. Il est dix heures. Kerem Shalom s’est éveillé, il y a longtemps déjà. À deux heures trente à vol d’oiseau de Jérusalem, le poste-frontière est une fenêtre sur Gaza. C’est par ce canal que transitent les marchandises avant de rejoindre la bande de territoire contrôlé par le Hamas ou le marché israélien. Cette année, 190 000 camions y ont acheminé des produits, trois fois plus qu’il y a deux ans.Avec la fermeture du principal poste de Karni, après le coup d’Etat du Hamas en 2007, le poids de Kerem Shalom n’a cessé de croître dans les échanges israélo-palestiniens. Et la courbe pourrait maintenir sa trajectoire à l’avenir, à la faveur des restrictions égyptiennes au poste-frontière de Rafah. « Israël ne fixe pas de seuil » confirme un officiel israélien sur place. À la différence de Kissoufim ou Na’hal Oz, aujourd’hui abandonnés, le terminal, cible potentielle d’attaques terroristes, dispose d’un avantage de taille : son isolement des bassins de population israéliens. Une caractéristique précieuse dans une région où les alertes aux tirs de roquettes ont envahi le quotidien, jusqu’à celui des cours de récréation. À Kerem Shalom, limiter les risques est un impératif catégorique. À la mi-novembre, deux terroristes palestiniens ont été arrêtés par Tsahal, après avoir franchi le mur de sécurité qui longe le terminal. Le calme apparent est trompeur. « C’est lorsque vous vous sentez à l’aise que ça devient dangereux » confie une soldate, à quelques kilomètres de là, sur le site de « ‘Hetz Sha’hor ». Le mémorial rappelle l’opération menée en 1955, principalement par l’unité 101 d’un certain Ariel Sharon, pour mettre un terme, par tous les moyens, aux incursions meurtrières des fedayin palestiniens. Six décennies plus tard, le danger vient surtout des airs et des tunnels. « Ce que vous voyez devant vous, au loin, existe certainement sous vos pieds » note-t-elle. Des tirs en rafale scandent ses propos. Les journalistes disposés autour des rochers finissent par oser. « Ça vient d’où ? ». « Des militaires en formation à côté » rassure la jeune femme. Mitraillettes, scanners et malinoisGaza se donne à voir à l’horizon. Prison à ciel ouvert ? Blocus ? En ce matin de décembre, les accusations au vitriol dont l’Etat hébreu doit se défaire dans l’arène internationale ne résistent pas à la réalité des pots d ...

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