Daniel Cohen : « Effacer de nos mémoires ce qu’a été la croissance de la société industrielle »
Actualité Juive: Au cours des campagnes électorales, les hommes politiques, de droite comme de gauche, multiplient les promesses de retour à la croissance. En terminant votre livre, on se dit qu'il s'agit surtout de mirages et qu'il va falloir s'habituer à cette situation...Daniel Cohen : Il faut bien comprendre que les promesses, les espoirs, les attentes sont indexés sur un seul paramètre : la croissance. C'est cela que l'opinion publique attend de ses hommes politiques qui à leur tour s'évertuent à la lui donner. Depuis une trentaine d'années, l'économie cyclique est très erratique. Croyant commenter la croissance, on commente en fait les hauts et les bas de la conjoncture. Aujourd'hui, François Hollande est en bas d'un cycle et l’on peut simplement espérer qu'il a mangé son pain noir et qu'il va rebondir. Une des tâches principales des hommes politiques est en effet de donner de la sécurité macroéconomique, au sens keynésien du terme. J'approuve cette manière de faire. Mais il ne faut pas néanmoins être dupe du fait que les hommes politiques ont progressivement perdu les instruments qui leur permettent de réguler ces booms et ces krachs. Ils sont plus comme des témoins ou des sorciers qui prient pour que la pluie tombe au bon moment. Hollande pourra faire ce qu'il veut mais en réalité le fond de son espoir est que le retour de la croissance, pour des raisons extérieures à sa volonté (par exemple en ce moment le contre-choc pétrolier), se produise au bon moment.A.J.: Apple a présenté la semaine dernière ses derniers Iphone et Ipad. Remarquables d'un point de vue esthétique, ces créations ne constituent pas, écrivez-vous, des avancées comparables aux grandes inventions des XIXe et XXe siècles. Comment expliquer ce décalage ?D. C.: Les nouvelles technologies sont principalement utilisées aujourd'hui, dans le domaine productif, à faire du cost-cutting, de la réduction des coûts. Quant au domaine de la consommation, elles ne font pas à proprement parler émerger une nouvelle sociét ...
