Critique : C’était la France de Drumont

«Un roman, c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin ». Rien de mieux qu’un roman pour décrypter la « grande » Histoire dans le langage des « petites » histoires ; réelles ou imaginées, qu’il nous relate. Cette singulière définition du roman a été forgée par un maître en la matière, elle figure en épigraphe d’un chapitre de Le Rouge et du Noir. La France Goy, le remarquable roman « auto-familial » que vient de nous offrir Christophe Donner accède à cette dimension. Son titre n’oppose pas deux couleurs, ni même un rouge et un brun qui seraient anachroniques, mais sous le couvert d’une mise en parallèle ou en miroir de La France Juive de Drumont et de cette « France Goy », il nous révèle sous cette fausse symétrie les feuilles cachées d’un terrifiant palimpseste historique : les dessous des haines recuites, des basses rancœurs et de leurs immenses et désastreuses conséquences. Il faut impérativement lire cet ouvrage pour comprendre où et à quoi nous en sommes peut-être arrivés aujourd'hui. Oui, aujourd'hui, quand l'antisémitisme est à nouveau le point de confluence de tous les déchirements et de toutes les haines que charrie la société française.En effet, cet écho qui nous vient de la fin du 19ème siècle et de ce bestseller qu’a été en son tempsLa France Juive de Drumont, évoque de façon tragiquement lumineuse les antisémitismes virulents revendiqués par nombre de milieux différents et qui auraient pu, s’ils s’étaient unifiés, faire tomber la République à tout moment entre 1871 et 1914. Et au fond, ne pourraient-ils pas revendiquer sa chute en 1940, avec les conséquences malheureuses que nous pleurons encore.Ce livre pourrait nous livrer aussi une relecture terrifiante du quotidien de notre époque, de l'extrême gauche et son antisémitisme camouflé en antisionisme, de l'extrême droite et sa haine de toujours, des bien-pensants et du « woke », des tiers-mondistes qui accouchent de la honte de Durban, des gilets jaunes et leur obsession des banques juives supposées diriger et piloter jusque notre président qui a eu la mauvaise fortune, et non la bonne, de travailler quelque temps chez les Rothschild plutôt qu'à la Société Générale, les antivax avec leur complotisme nauséabond et leur mépris envers ce symbole hélas irréductiblement incommensurable que demeure l’étoile jaune qu’ils se sont pourtant appropriés, sans compter cet antisémitisme du quotidien qui pousse un livreur à refuser de livrer des Juifs, qui conditionne des ...

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