Comment la vie juive se réinvente
Par Yaël Scemama A combien notre manière de « faire communauté » aujourd’hui marquera-t-elle demain les modes d’expression de la vie juive ? Et combien le manque éprouvé par l’éloignement avec la synagogue impactera-t-il notre façon d’être ensemble ? C’était hier, les synagogues bondées et bruyantes où le temps de la prière était aussi celui des visages familiers. Hier, les grandes tables de famille où les générations réunies, célébraient collectivement les fêtes juives. « Aujourd’hui, cette maladie du covid a déclaré la guerre à toute relation humaine, regrette le philosophe Armand Abécassis. On ne peut plus recevoir parce qu’on risque, on ne peut plus aller à la synagogue parce qu’on risque. C’est un drame. Où est la joie que l’on éprouve quand on entre dans une synagogue car lorsqu’on entre dans une synagogue, tout à coup… le monde change ». Par la force des choses, cette joie n’est plus permise mais pourtant, elle a trouvé le moyen de s’exprimer ailleurs, et autrement, par l’ingéniosité des acteurs communautaires. Même si elle s’éprouve sur zoom ou par Facebook live, l’émotion est bien réelle. Il n’y a pas si longtemps, qui aurait imaginé un salon de l’Alyah en ligne et des programmations culturelles entières basculer en digital comme c’est le cas de l’ECUJE ou du mahJ ? Qui aurait pensé que les écoles juives résisteraient aussi bien à la crise et assureraient une si grande continuité pédagogique, notamment grâce au programme Lamorim ? Dans les premiers mois de l’épidémie, le développement du numérique visait surtout à ce que la distanciation sociale ne soit pas synonyme d’isolement dans un moment où, par ailleurs, la communauté juive pleurait ses morts. Tandis que les principales institutions coordonnées dans une cellule de crise répondaient aux besoins matériels et psychologiques des plus fragiles, les rabbins et les présidents de communautés se mettaient à Internet, apportant à la fois du réco ...
