Cher Alain Finkielkraut…

A la suite à la polémique liée à votre licenciement de LCI et vos propos concernant « l’affaire Olivier Duhamel » j’aurais spontanément toutes les raisons du monde de vous soutenir. D’abord parce que depuis 40 ans, je m’abreuve de vos paroles et de vos livres, je m’enrichis de vos propos intelligents et je partage tous vos combats. Ensuite, parce que j’ai conscience des difficultés auxquelles vous êtes confronté, particulièrement dans les grands médias, de pouvoir exprimer ce que vous appelez une « pensée subtile », obstacles qui affaiblissent le débat démocratique. Encore parce qu’il convient, toujours, de défendre la présomption d’innocence : chacun a le droit de présenter sa défense, ne doit pas être désigné comme coupable avant d’être définitivement condamné et peut exiger que le crime qui lui est reproché se voie envisagé dans sa spécificité.Enfin, lorsque la horde des bien-pensants se déchaine, je me retiens toujours de hurler avec les loups. Et pourtant…Il ne m’a pas échappé que vous souhaitez transmuer l’affaire qui vous touche en un révélateur du sort très dur réservé à la liberté de pensée dans la France de 2021. Mais je crois que vous faites erreur. Il n’est pas si évident d’interdire à un média privé de se séparer d’un éditorialiste ou d’un chroniqueur qui ne répond pas à sa politique éditoriale. En outre, la liberté d’expression n’est pas une valeur suprême, un « alpha et oméga » permettant de débattre de tous les sujets. Comme vient de statuer la Cour européenne des droits de l’Homme, dans une affaire certes différente : la liberté d’expression n’est pas garantie « sans aucune restriction, même quand il s’agit de rendre compte dans la presse, de questions sérieuses d’intérêt général ». La Cour à l’unanimité réaffirme que les journalistes qui exercent leur liberté d’expression assument « des devoirs et des responsabilités ». (CEDH 1401 2121)Vous expliquez qu’il faut se méfier de la justice, hors des prétoires car le triomphe de cet « instinct de justice » constitue une mauvaise nouvelle pour la civilisation. Il me semble là aussi, qu’il faille nuancer les propos. La Loi est humaine et souvent en inadaptation avec les valeurs du siècle. Elle est intemporelle et inactuelle. Il est, à plusieurs reprises, arrivé que grâce à la pression m ...

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