Boris Cyrulnik : « On considère les terroristes comme des vaincus »
Actualité Juive : Pourquoi notre époque a-t-elle tant besoin de héros ? Boris Cyrulnik : Il y a deux types de héros : les héros bénéfiques et le héros maléfiques. Les premiers sont ceux qui participent à la construction des enfants. Ces derniers, petits et faibles, ont besoin de héros qui les sécurisent – « je serai comme papa, comme Tarzan » – et donnent réalité à leurs rêves. Quand une nation se trouve en difficulté, elle vote démocratiquement pour un sauveur qui est souvent un dictateur. Hitler a été élu, Pétain a été élu, comme beaucoup de politiques actuellement au Moyen-Orient. Ces héros maléfiques constituent toujours la preuve d’une défaillance sociale et culturelle.A.J. : Au début de votre livre, vous narrez le rôle positif qu’ont joué dans votre enfance des personnages comme Tarzan, Oliver Twist ou Superman. B. C. : Pendant la guerre, j’ai perdu presque toute ma famille. Toute ma famille en fait parce que je ne savais pas à l’époque que certains avaient survécu. A mes yeux, toute ma famille était morte. J’avais donc besoin de Tarzan de Rémy de Sans Famille, parce qu’ils me disaient que si le réel était difficile – privé de famille, évoluant dans une société dont je ne connaissais pas les codes – mais qu’on pouvait s’en sortir. Tarzan est devenu le roi de la jungle et a rencontré Jane ; Rémy est devenu artiste des rues ; Oliver Twist a trouvé une famille de substitution. J’avais besoin de récits culturels qui me racontaient qu’il était possible de s’en sortir. C’est probablement là l’origine mon goût pour la résilience. « Toute théorie est un aveu biographique » expose le sociologue Vincent de Gaulejac. A.J. : Samuel Sandler, le grand-père et père de plusieurs victimes de l’attaque con ...